Astérix chez Rahãzade OU Le Compte des Mille et une heures

Tout est dans le titre!

Bien que de nombreux lecteurs d'Astérix aient décidés de lâcher ses aventures après Astérix chez les Belges et le décès prématuré de Goscinny, certains d'entre nous ont décidés de suivre l'ère Uderzo en solo et de continuer également à lire les tomes des auteurs actuels: Ferri et Conrad qui auront prochainement à leurs côtés Fabcaro.

Si ceux qui n'ont pas lâché Astérix, bien qu'ils soient peu nombreux, aiment moins de la "deuxième ère", ils se considèrent, néanmoins, comme des lecteurs tolérants d'Uderzo ce dernier ayant fait ses preuves avec des albums sympathiques se déroulant soit au village gaulois lui-même, soit dans des environs non loin de ce dernier. Cependant, il était clair que le dessinateur/auteur n'était aucunement doué pour inventer de pures aventures vers l'inconnu.

L'Odyssée d'Astérix avait déjà été la preuve que quand Uderzo tentait d'écrire des histoires de voyages, cela tombait à plat vu qu'il montrait tous les peuples croisés n'allant pas au-delà de l'aspect "se faire la guerre entre soi sans raison valable au point de toujours agacer Astérix et Obélix". Ainsi l'esprit de découverte était aux abonnés absents alors qu'il avait été présent durant l'ère Goscinny où Astérix et Obélix arrivaient à s'amuser dans les pays qu'ils visitaient incitant ainsi les lecteurs à s'intéresser au reste du monde.

Astérix chez Rahãzade OU Le Compte des Mille et une heures n'est qu'un autre exemple de cet esprit de découverte absent où les habitants du pays visité du jour, à savoir l'Inde, sont montrés comme crédules et ayant besoin d'un sauveur "étranger" pour les sauver d'une situation dangereuse.

Mais avant d'en dire plus, reprenons à zéro.

Dans le Royaume d'Inde, c'est censé être la saison de la mousson. Cependant, la sècheresse ne s'arrête pas et le vil gourou Kiwoàlàh a convaincu les Indiens d'Inde que le seul moyen de faire revenir la pluie était de sacrifier la Princesse Rahãzade pour apaiser les dieux réclamant du sang royal. Le Fakir Kiçah voyage jusqu'en Gaule en tapis volant afin de trouver le Barde chantant si mal qu'il peut faire pleuvoir afin de sauver l'Inde de la sècheresse. Barde n'étant autre qu'Assurancetourix.

À la lecture de ce résumé, la réaction générale ne peut être que la suivante

https://bigreblog.files.wordpress.com/2018/12/a3.jpg?w=698

Oui, il y a déjà eu des histoires de magie dans Astérix avec des druides s'échangeant des recettes de potion, faisant des recettes expérimentales, des démonstrations de leurs pouvoirs ainsi que des mages faisant de l'hypnose MAIS cela se limitait à des petits sketches anecdotiques dans un univers où il y avait un semblant de réalisme faisant écho à notre réalité.

Hors, dans cet album, l'intrigue entière se base sur de la magie. De plus, on est à l'échelle du grand n'importe quoi avec Assurancetourix devenant un super-héros avec des "supers-pouvoirs".

Certes, contrairement à L'Odyssée d'Astérix, Astérix chez Rahãzade tente de donner une envie de découvrir l'Inde avec des habitudes locales, sa culture avec la réalité des vaches sacrées, les noms des dieux du pays MAIS le fait d'avoir choisi de représenter l'Inde comme un pays de magie avec des fakirs, des tapis volants, des charmeurs de serpents ou encore une histoire avec le nom d'une Princesse dans le titre fait qu'on lit un conte. Un conte avec une belle ambiance, certes, mais qui n'a pas sa place dans l'univers d'Astérix.

De plus, le fait de montrer un pays d'Orient attendant un sauveur d'Occident est d'un goût douteux faisant grincer les dents.

Et, en dehors de ça, l'album est très maladroit dans ses péripéties. En gros, il n'y a pas vraiment d'histoire, mais un vague fil rouge où des situations censées être drôles s'enchainent les unes après les autres. Seulement, si certaines font mouche, ce n'est pas le cas de beaucoup d'entre elles.

Mais pire que tout, il semble y avoir un besoin constant de prendre les lecteurs c**s en leur expliquant les jeux de mots placés dans l'album.

-C'est qui ça? -C'est Kiçãh.

Hors, comme l'a si bien dit un célèbre personnage

Quand tu expliques une blague, il n'y a pas de blague.

Cependant, tous ces défauts font-ils que Astérix chez Rahãzade OU Le Compte des Mille et une heures est à jeter?

C'est compliqué. Certes, cet album fait TRÈS...

https://youtu.be/JOpBbSjEV6c?t=108

...par rapport aux Astérix précédents. Néanmoins, il a certaines qualités indéniable. Déjà, on voit qu'Uderzo a prit du temps pour s'appliquer minutieusement dans les paysages au point que les couleurs sont aussi belles que dans Astérix en Hispanie. Il y a aussi des hommages à des chansons existantes retranscrites de façon subtile...

...sans compter un joli clin d'oeil à Barbe-Bleue...

...ou bien un Assurancetourix prenant plus d'importance dans l'univers d'Astérix au point de ne plus être le pauvre comic-relief s'en prenant plein la tronche mais un personnage indispensable dans une situation périlleuse. Sans compter Kiçãh lui-même étant un personnage sympathique intelligent et sérieux quand il le faut et comique dans les moments appropriés.

De plus, n'oublions pas le méchant Kiwoàlàh voulant devenir Rajah à la place du Rajah étant un hommage à l'hilarant vizir Iznogoud, autre création de Goscinny, voulant être calife à la place du calife. Et en fait, le problème principal de l'histoire, en plus de l'ambiance conte faisant tâche dans l'univers de l'altruiste gaulois, fait que ce genre d'histoire aurait, justement, plus eu à sa place dans l'univers du vil vizir. En effet, Kiwoàlàh a la même envie de prendre la place d'un dirigeant benêt en profitant de la moindre occasion pour tenter de le faire, la même intelligence stratège, le même type de contrariétés fâcheuses dans des plans établis, les mêmes "solutions d'urgence" et, surtout, les mêmes coups de malchance de dernière minute faisant que ses plans échouent quoiqu'il arrive.

Sauf que comme Kiwoàlàh n'est pas au centre du récit tel un anti-héros, l'histoire se centrant sur nos héros avant tout, il n'y a pas de comique de situation constants faisant qu'on a envie de rire aux éclats à chaque échec.

De plus, on sent que niveau représentation de l'Orient, le niveau a baissé depuis Astérix et Cléopâtre où l'on se passait de magie et montrait une culture proche d'une certaine réalité comme par exemple avec les trois célèbres pyramides Kéops, Kéfren et Mikérinos, la représentation d'une Souveraine Egyptienne, à savoir Cléopâtre VII, ayant vraiment existé, la représentation des marchés à touristes existants placés dans le cadre de l'Antiquité avec un marché aux minis-sphinxs; alors que dans Astérix chez Rahãzade OU Le Compte des Mille et Une Heures, le Souverain de l'Inde est un personnage imaginaire. Pourtant, il y avait de quoi faire niveau représentation de Souverain de l'Inde authentique avec la liste des nombreux dirigeants de la Dynastie Maha-Meghavahana.

Bref, même si cet album n'est pas une catastrophe et peut être plaisant par moments, il est juste passable ou, si on veut être indulgent, appréciable.

BlackBoomerang
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le 30 juin 2023

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