Avé, Cléopâtre. Alors, ça avance ce palais ?

• Numérobis, je t'ai convoqué car tu es le meilleur architecte d'Alexandrie... Ce qui n'est pas grand-chose.


• Oh !


• Ne proteste pas ! Tes constructions sont fragiles ! On entend tout ce que disent les voisins ! Les plafonds s'écroulent !


• C'est que les matériaux modernes... Et puis moi, ce que j'aimerais faire, ce sont des pyramides et...


• Silence ! Tu as trois mois pour te racheter en construisant un palais magnifique, ici, à Alexandrie, pour Jules César !


• Trois mois ?


• Si tu réussis, je te couvrirai d'or ; sinon je te jetterai aux crocodiles ! Va !...


• Trois mois !... Pour réussir ce travail, il faudrait que j'ai des pouvoirs surnaturels ! Que je sois aidé par un mage... Je suis sauvé !... Je connais l'homme qu'il me faut ! Il est capable de prodiges !

Par Osiris ! Restons Gaulois !

« Ce que tu dis là est infâme, ô César !... », s'indigne Cléopâtre ! Tandis que Jules César, avec un air détaché et méprisant, raille le royaume de la reine d'Égypte, ajoutant : « Il faut se rendre à l'évidence ô ma reine. Ton peuple est décadant ! Il est tout juste bon à vivre sous la dépendance de Rome, dans un demi-esclavage. » En réponse à cette provocation supplémentaire, voilà que notre reine au long nez, qu'elle a joli d'ailleurs, perd patience et mise l'honneur de son pays à travers une épreuve dont elle fixe elle-même les règles auprès du chef de tous les Romains.
« - Assez ! Je te prouverai, moi, ô César, que mon peuple a gardé tout son génie ! Dans trois mois, jour pour jour, je t'aurais fait construire un palais somptueux, ici, à Alexandrie !
- Si tu réussis, ô ma reine, je reconnaîtrai que mes paroles ont été erronées, et que ton peuple est encore un grand peuple !... Mais j'en doute ! »
Dans une entreprise phénoménale et apparemment irréalisable, Cléopâtre confie la tâche au "meilleur architecte" d'Alexandrie, Numérobis, qui se retrouve contraint de réussir sous peine de finir dévoré par les crocodiles. Une entreprise périlleuse. Cette mission, hors de portée pour un simple mortel, semblait insurmontable. Heureusement, il dispose d'un allié aux pouvoirs surnaturels, le bien-aimé Panoramix, qui accepte de l'assister, accompagné du trio Astérix, Obélix et Idéfix. Ainsi débute une nouvelle expédition délirante sous le ciel brûlant de l'Égypte et ses étendues de sable chaud, où nos Gaulois vont faire vibrer tout le pays pour des siècles et des siècles !

René Goscinny et Albert Uderzo nous transportent dans une aventure palpitante à travers les terres arides de l'Égypte avec leur sixième tome intitulé "Astérix et Cléopâtre". Dans le chaudron bouillonnant de leur imagination, Goscinny et Uderzo ont concocté une potion magique hilarante après avoir plongé tête la première dans le film "Cléopâtre" de Joseph L. Mankiewicz, sorti en 1963 et avec Elizabeth Taylor dans le rôle phare. Comme un clin d'œil complice, l'album se moque gentiment du film à maintes reprises, jusqu'à la couverture qui fait une parodie astucieuse de l'une de ses affiches. En découle un périple divertissant dans lequel nos courageux Gaulois se lancent dans l'exploration d'un territoire sauvage afin de faire avancer rapidement un chantier aux caractéristiques étranges. Ils doivent faire face à une main-d'œuvre défaillante (les prémisses des grévistes), un architecte rival cherchant à saboter le projet, ainsi qu'aux Romains qui tentent d'empêcher la victoire de Cléopâtre dans ce défi. Et même les pirates qui prennent une décision inédite en choisissant de se couler eux-mêmes plutôt que de subir une nouvelle attaque des Gaulois. « Sabordons-nous. Le résultat sera le même et ça nous évitera quelques baffes... » Cela donne lieu à une séquence hilarante, laissant Obélix à la fois déconcerté et frustré devant ce spectacle surprenant qui le prive de démolir les pirates, pour notre plus grand plaisir. Cette aventure palpitante déborde d'un rythme effréné et ne laisse aucune case inutilisée pour faire progresser son récit captivant, rempli de rebondissements haletants, d'humour irrésistible et de découvertes passionnantes.

• Elle a l'air d'avoir mauvais caractère, mais elle a un joli nez...


• Un très joli nez !

En témoigne le passage lorsque que les Gaulois approchent de l'Égypte en bateau, et tombent nez à nez avec le célèbre Phare d'Alexandrie, une immense tour illuminée qui guide les marins dans la nuit. Panoramix, toujours prompt à partager ses connaissances, leur rappelle que c'est l'une des Sept Merveilles du monde, une collection d'œuvres architecturales et artistiques considérées comme les plus extraordinaires de l'Antiquité. On parle ici de la pyramide de Khéops à Gizeh, des jardins suspendus de Babylone, de la statue de Zeus à Olympie, du temple d'Artémis à Éphèse, du mausolée d'Halicarnasse, du colosse de Rhodes et, bien sûr, du phare d'Alexandrie. Autant dire que nos Gaulois, et les lecteurs avec, vont de découverte en découverte, toujours avec le sourire, comme lorsque nos aventuriers se retrouvent face à la célèbre Pyramide de Khéops ! Mais la véritable attraction, c'est la rencontre avec le Sphinx de Gizeh, cette statue mi-humaine mi-bestiale qui se dresse majestueusement devant les grandes pyramides, reconnaissable entre 1000 avec son nez manquant. Eh bien voilà qu'on découvre ici toute l'histoire hilarante de sa disparition ! On se demande si Goscinny n'a pas bu un peu de potion magique égyptienne avec des effets hallucinogènes pour nous sortir un récit aussi délirant ! C'est à mourir de rire. Ses idées sont à la fois si farfelues, hilarantes et intelligentes qu'on ne peut que saluer son génie comique. Et comme si ça ne suffisait pas, nos héros font également la découverte du Temple d'Amon de Louxor. Ils tombent sur deux obélisques qui ornaient autrefois le monument, et dont l'un d'entre eux se trouve maintenant sur la Place de la Concorde à Paris. Et bien sûr, Astérix et Obélix ne peuvent s'empêcher de faire un subtil jeu de mots à ce sujet. Ah, ces Gaulois, ils ne manquent jamais une occasion de nous faire rire, même en découvrant des merveilles du monde antique !

Albert Uderzo nous dévoile un dessin d'une fraîcheur désarmante qui brille de mille feux, conservant un charme enfantin tout en nous régalant des trésors que renferme l'Égypte, notamment avec le fameux char de Cléopâtre. Les couleurs éclatantes habituelles prennent ici une dimension nuancée, notamment grâce à un jeu d'ombres captivant à l'intérieur du labyrinthe de la pyramide. Cela vient ajouter une touche de sophistication qui s'harmonise parfaitement avec la légèreté du drame exploré et les personnages hauts en couleurs qui peuplent ces pages. Parlons des personnages maintenant ! Astérix, fidèle à lui-même, conserve sa personnalité courageuse et audacieuse, avec une bonne dose de caractère bien trempé. Quant à Obélix, il reste fidèle à son tempérament, mais cette fois-ci, il n'hésite pas à s'affirmer face à Astérix, ce qui provoque plusieurs disputes hilarantes. On ne peut s'empêcher de rire devant leurs échanges pleins d'humour. Et bien sûr, notre cher Panoramix est une fois de plus mis en avant, et c'est un vrai plaisir de le retrouver dans toute sa splendeur ! Notre adorable petit chien, apparu dans le tome précédent, se voit enfin attribuer son nom bien à lui : Idéfix. Ce nom a été choisi à la suite d'un concours organisé dans le magazine Pilote. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Idéfix se révèle très utile dans cette aventure en sauvant ses amis du labyrinthe de la pyramide de Khéops. Ce toutou a définitivement plus d'un tour dans son sac ! Parmi les nouveaux personnages, on peut dire que du bon est au rendez-vous ! Commençons par Cléopâtre et son célèbre nez, qui marque de sa présence excentrique et autoritaire à chaque apparition. On ne peut pas la louper ! Numérobis, de son côté, est un protagoniste très attachant, mais on se demande bien où il a obtenu son diplôme d'architecture... Peut-être dans un Kinder Surprise ? Du côté des méchants, Amonbofis et son serviteur Tournevis ont un style plutôt cool, même s'ils finissent rapidement sur la touche pour laisser la place à Jules César. Celui-ci occupe une place beaucoup plus importante que dans les albums précédents, ce qui est positif, même si le dénouement semble un peu facile. On remarque que Jules César connaît très bien les noms des trois Gaulois responsables de la résistance qu'il n'arrive pas à vaincre.

CONCLUSION :

"Astérix et Cléopâtre" est un sixième tome captivant et drôle, qui réussit à mêler histoire, aventure et humour de manière brillante. René Goscinny et Albert Uderzo nous offrent une œuvre intemporelle qui continue de charmer les lecteurs de tous âges, nous transportant dans un univers plein de magie, de rires et de découvertes.

Une aventure pharaonique !

• Tu ne mentais donc pas... Et pourtant, je ne connais qu'un homme capable de préparer une telle potion... Mais il est très loin d'ici... C'est un druide gaulois...


• Un druide Gaulois ?!? Il y a des Gaulois dans le chantier ! Trois Gaulois !


• Comment ? Un vieux druide à barbe blanche, un petit malin et un gros ahuri ?


• C'est cela même, ô César !


• Astérix, Obélix et Panoramix ! Les irréductibles Gaulois ! Ils sont capables de tous les prodiges... Il faut agir !