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Les sorties d'Astérix sont désormais réglées comme une horloge helvète : tous les deux ans, à quelques jours près, Didier Conrad et Jean-Yves Ferri proposent une nouvelle aventure, tantôt au village, tantôt à l'étranger. Dans ce trente-septième épisode, les deux irréductibles Gaulois partent en Italie pour participer à une course de chars, et les fans assidus de la série penseront inévitablement au Tour de Gaule ou à Astérix aux Jeux Olympiques.


Cette course internationale permet de retrouver des personnages venus du monde entier (Angleterre, Allemagne, Belgique, Scandinavie, Russie, Portugal, Égypte…), ainsi que deux des malchanceux pirates. Au cours de leur périple, Obélix et son copilote passeront par les villes les plus connues de la péninsule italienne (Venise, Parme, Florence, Sienne, Rome, Naples), et pendant leurs multiples escales gastronomiques, ils découvriront les pâtes, la pizza (sans tomates !), les condiments et le chianti.


J'ai déjà eu l'occasion d'émettre quelques critiques à l'encontre de Conrad et Ferri dans ma critique du Papyrus de César, et deux ans plus tard, les mêmes défauts sont toujours là. Astérix a ainsi toujours le regard mort, et le dessin manque globalement d'âme : il s'agit d'une très bonne copie, je le concède volontiers, mais Conrad n'est pas Uderzo, et je trouve que son trait de crayon ne s'améliore pas avec les années. Mon plus gros problème concerne les dialogues : la syntaxe est pauvre, certaines expressions modernes sonnent faux dans la bouche de personnages antiques ("on les a plantés grave", "ça roule", "restons sport"), et les jeux de mots et autres références auront du mal à vous arracher un sourire ("la mosaïque classique", "Capri c'est fini", "cela scande évident"). Il y a parfois quelques bonnes tournures ("les Cimbres affranchis", "partons, par Tyr", "déplacer les bornes", "avé Bifidus et sois actif"), mais dans son ensemble, l'écriture est poussive, il y a trop de cris et de phrases exclamatives, et les notes en bas de case n'ont que peu d'intérêt.


On recense toutefois quelques bonnes idées comme ce mécanicien lusitanien dont on ne verra jamais le visage, l'absurde jalousie d'Obélix à l'égard d'Idéfix, ou la découverte par ce dernier de son reflet. Jean-Yves Ferri parle également de la triche dans le sport, du sponsoring, du détournement d'argent public et de d'idolâtrie irrationnelle du peuple à l'égard de sportifs dont il ne connaît même pas le visage.


Un nouvel album d'Astérix permet toujours à ses auteurs de rendre hommage à des personnalités contemporaines ou décédées, et cette tradition est fort heureusement respectée. Le lecteur reconnaîtra ainsi facilement Luciano Pavarotti, Silvio Berlusconi, Roberto Benigni, Monica Bellucci, Sophia Loren, Léonard de Vinci… et même la Joconde !


"Astérix et la Transitalique" est au final un album correct mais plat. Après une inévitable période de rodage, le duo Conrad/Ferri n'est pas parvenu à passer la vitesse supérieure dans cette troisième bande dessinée post-uderzienne, et à l'image du caractère d'Astérix, les aventures de nos Gaulois préférés sont désormais lisses et aseptisées. Nous restons malgré tout bien loin de la médiocrité des dernières horreurs signées Uderzo, mais cette série gagnerait à engager un auteur plus habile avec les mots. La balle est désormais dans le camp des héritiers d'Uderzo et Goscinny : s'ils continuent à accorder leur confiance au duo précité, je prends le pari que la série ne fera que vivoter sans surprendre qui que ce soit, et les jeunes générations finiront par s'habituer à cette médiocrité. Astérix mérite mieux que ça, non ?

chtimixeur
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le 19 oct. 2017

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