Voici un album qui est très mésestimé, peu cité parmi les albums de la collection, voire ignoré, bref on en parle pas tellement à tel point qu'il est sûrement l'album d'Astérix le plus méconnu, pourtant je ne le trouve pas si mal que ça, l'épisode a de nombreuses qualités. Voyons voir ça.
Certes, le scénario est très simpliste, Goscinny ne s'est pas foulé ? bah non je regrette, pour moi c'est une sorte de road movie gaulois bien élaboré, Goscinny jette nos 2 Gaulois sur les routes et leur fait faire un nouveau tour de Gaule, mais un peu moins joyeux cette fois.
C'est une accumulation de saynètes ? ben oui, c'est une succession de scènes souvent très drôles qui contrebalancent le sujet basé sur le désespoir d'Astérix pour remplir son chaudron, c'est une errance où les héros essaient des choses ou côtoient différents métiers ou activités du monde antique : marchands de sangliers, gladiateurs, comédiens, pilleurs de banque, parieurs de courses de chars.... tout en montrant que l'argent peut tout corrompre.
A la fin, tout revient au village de Moralestatix, tout ça pour ça ? oui, ça montre qu'il y a aussi des Gaulois prêts à voler d'autres Gaulois et qui magouillent pour se faire bien voir des Romains au niveau des taxes.
La parodie du théâtre d'avant-garde et le langage de ces théâtreux est fort bien sentie, en plus, Uderzo y dessine une superbe réplique du théâtre romain d'Orange, seul édifice de ce type à avoir conservé son mur de scène. Il se caricature encore avec Goscinny parmi les notables entourant le préfet, page 30. Le décor du village de Moralelastix sur la falaise est aussi très réussi ; j'aime bien le physique sournois et fourbe de ce dernier. Enfin, Uderzo rend comique la scène du collecteur d'impôts avec les bulles au langage de formalité administrative, alors que Goscinny place moins de jeux de mots dans cette histoire, si l'on excepte un bon mot référencé : "l'argent n'a pas d'odeur" (clin d'oeil à une célèbre phrase de l'empereur Vespasien qui avait crée un impôt sur les urinoirs à Rome). En fait, cet argent sent l'oignon, puisque le chaudron a servi à faire de la soupe à l'oignon, Obélix l'a senti... Au final, moins de plaisanteries et de calembours goscinniens (ce qui a peut-être déçu des lecteurs), mais il y a un rythme plaisant et des bagarres, tout ceci n'est donc pas si mal pour un album soi-disant moyen.