"Engagez-vous qu'ils disaient, rengagez-vous..."

Tout d'abord, une petite précision historique : si César affronte le parti des Pompéiens (Pompée ayant déja été assassiné en Egypte) à Thapsus comme on l'apprend ici, il ne peut pas avoir comme ennemi Scipion ; on connaît 2 Scipion : celui qu'on surnommait l'Africain, qui a vécu entre 235 et 123 av.J.C. et qui est connu surtout pour avoir vaincu Hannibal à Zama. Le second Scipion est surnommé le Second Africain ou le Numantin, mort en 129 av.J.C., il ne peut donc pas avoir affronté César en 45 av.J.C.
Mis à part cette petite erreur qu'on pardonnera à Goscinny, cet album reste très bon, en décrivant les affres militaires de nos héros. Goscinny imagine ce scénario qui lui sert évidemment à joyeusement caricaturer l'armée et le service militaire, qui semble être une école de paresse (voir les bureaux du Q.G. de la légion de Condate où les types jouent aux cartes ou se coupent les ongles), j'ai connu ça parce que du temps où le service militaire existait encore en 1978, on restait les 3/4 du temps à glander en piaule, ce qu'imagine Goscinny est donc basé sur une certaine réalité, j'ai même vu d'autres absurdités lors de mon service militaire, d'où l'impression négative qu'on en avait en tant que civils. Je crois que Goscinny n'a rien déformé de ce côté-là.
La première partie se déroule à Condate dans le Q.G. de la légion, la seconde partie se déroule en Afrique, les idées de Goscinny sont toujours aussi savoureuses, avec de nombreux gags : les recrues qui sont un microcosme des peuples du monde antique (un Goth, un Grec, un Egyptien, un Breton, un Belge) constituant une palette de personnages rigolos, comme le sont aussi malgré eux les 2 centurions instructeurs Hotelterminus et Belinconus, portraits de militaires de carrière qui aiment malmener leurs recrues, mais le plus drôle, c'est que c'est eux qui se font dominer.
Il y a aussi les exercices d'entraînement, l'interprète farfelu, les scènes avec le cuisinier, les légionnaires-graveurs, l'allusion au savon de Massilia, et l'emploi fourni de formules latines (que Goscinny avouait puiser dans les pages roses du petit Larousse) comme "cogito ergo sum" ou "Timeo danaos et dona ferentes" (je vous laisse découvrir leur signification).
Uderzo étant doué pour dessiner de très belles filles, on a droit à la première apparition de Falbala, dès la page 1 ; ce personnage qui pourtant n'apparaît que très peu dans la collection d'albums, a curieusement marqué les esprits, on la retrouvera dans Astérix et La Traviata, et elle sera plus présente dans les films et dessins animés. A la dernière page, Uderzo réussit une belle image du couple Falbala-Tragicomix (ce dernier ayant une ressemblance avec Jean Marais jeune). On notera aussi le gag du radeau de la Méduse page 35 avec l'épisode des pirates, et un beau plan aérien d'ensemble du camp romain page 36, qui prouve la grande aisance graphique d'Uderzo.
Cet album est donc très bon, même si pour moi, il ne se hisse pas tout à fait sur le podium des 5 ou 6 meilleurs albums, mais il n'en est vraiment pas loin (n°9 dans mon top Astérix).

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le 9 nov. 2020

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