Qu'on se l'avoue, "Invicible" commençait vraiment bien, mais il manquait un petit quelque chose pour réellement marquer son lecteur. Un détail éminemment corrigé par sa suite, "Au Nom du Père", véritable conte de sang et de douleur. Le comics prend beaucoup de maturité, et ce dès son ouverture.
Au départ, je trouvais que le truc partait dans un délire de fan-made, fan-fiction : les Gardiens du Globe étaient clairement une version Kirkmanienne de la Ligue de Justice de chez DC. Y'avait même le Batman, Wonder Woman, Flash et Martian Man Hunter. Bon, y'en avait d'autres, mais j'ai la flemme de tous les citer.
Néanmoins, le traitement qui leur est rendu ne manque pas de couilles; révolutionnaire pour l'univers des comics, il surprend grandement. Et c'est que l'introduction. Bon, outre le problème des blases de super-héros ( encore que ceux qui ont des blases de merde ne restent pas longtemps dans l'aventure ), le comics prend rapidement la tournure d'un "Walking Dead". Autant vous dire que c'est un carnage, car quand Kirkman s'approprie l'univers des super-héros, ça saigne encore plus qu'un film de super-héros.
L'écriture est elle-même de haut niveau; y'a pas à dire, Kirkman est un grand. Les révélations sont géniales, le twist final tient du génie; il n'y a pas une incohérence, pas un défaut de chronologie ( deux problèmes essentiels de "The Walking Dead" ). Car non seulement c'est agréable à lire, mais c'est d'autant plus balaise que les rebondissements tombent de nul part, tout en gardant une part de logique dans leur déroulement.
La fin, émouvante au possible et déchirant comme jamais, marque le réel début d'Invincible, amenant le personnage, et par là même le comics éponyme, dans une direction différente de celle que préconisait le tome précédent. De plus, le tome est plein d'auto-dérision.
Kirkman dénonce qu'il a déja fait dans "The Walking Dead", et que j'avais moi-même relevé dans mes précédentes critiques de l'autre comics de Kirkman ( cela fait plaisir de ne pas se tromper ) : les casses de dessin qui se répètent par manque de temps, par retard du dessinateur sont ici mises en avant, dans une auto-parodie hilarante et génialement bien foutue.
Le dessin, les couleurs, l'encrage sont également géniaux; j'aime beaucoup cette personnalité toute particulière que possède "Invincible", avec toujours cette dualité de couleur vives, claires, et son écriture sombre, matûre, violente, âpre. Un sacré comics, un chef-d'oeuvre de rédaction. A lire, un must have.