Après le désastre complet qu'avait constitué la reprise de la délicate franchise de Spirou par Morvan et Munuera, il y a eu une pause, que l'on imagine agitée et dédiée à des sessions de "brainstorm". "Aux sources du Z" est le résultat d'un travail de fond, dont on perçoit avec clarté les principes : allègement (salutaire) du mode de narration de Munuera, avec des cases plus grandes et plus de respiration dans l'action, et donc plus de lisibilité, scénario confié à un "pro", Yann, pour pallier aux incohérences ridicules des tomes précédents. Jusque là, tout va bien, sauf que Yann et Morvan ont visiblement décidé de s'inspirer du travail très second degré entrepris dans la série parallèle, "Une aventure de Spirou et Fantasio" et de travailler sur une re-visite conceptuelle des oeuvres-clé des premiers âges de Spirou, tout en la parsemant de transgressions actuelles : le baiser à Seccotine, l'ambiguité du triangle amoureux entre Zorglub, Pacôme et leur amour de jeunesse, d'ailleurs portée à un degré de perversion inédit puisque c'est Spirou lui-même qui consommera "l'inceste". Là où le bas blesse, c'est que l'hyper-intellectualisation de la série, loin de donner naissance à un chef d'oeuvre, comme "Machine qui Rêve", dont ce livre se rapproche par sa conclusion (Deux Spirou, l'un enchaîné à son destin "enfantin" de héros de BD, l'autre choisissant l'émancipation d'une vie "ordinaire", donc d'une vie amoureuse et sexuelle...), est vite fastidieuse, faute de rythme, d'humour, et surtout, d'enjeu. Allez. Messieurs, encore un effort ! [Critique écrite en 2008]