Vous avez aimé le MCU ! Vous apprécierez son équivalent en bande dessinée franco-belge, bienvenue au "Soleil Universe". Le cahier des charges des Terres d’Arran est draconien : un scénario de 48 pages, une charte graphique privilégiant le vert et l’ocre, un dessin réaliste, des héros bien différenciés, des décors travaillés, des bagarres, des paysages, un univers fantastique médiéval conforme au canon tolkien, des elfes, des nains, des orcs, des gobelins, des mages et des hommes... Une trame unique, mais offrant d’innombrables variations possibles : des héros mâles ou femelles, des jeunes ou des vieux, des quêtes initiatiques, des vengeances, des enquêtes ou des initiations, des héros récurrents ou ponctuels, des solitaires, des binômes, des compagnies... Rien de neuf ? Si, son ampleur : six sorties par an, six scénaristes et autant de dessinateurs. 25 tomes elfiques, 15 opus sur les nains, 6 sur les orcs et gobelins et 1 premier sur les mages, soit 47 BD en moins de 6 ans ! L’éditeur annonce 3 millions de lecteurs, champagne !
J’ai choisi Ayraak. J’aime les orcs. Ce personnage, secondaire chez Tolkien, a gagné ses lettres de noblesse par le jeu vidéo et le jeu de rôle. L’orc est un guerrier redoutable, hargneux, infatigable et intrépide, plus ou moins loyal, à l’intelligence inversement proportionnelle à sa carrure. Le capitaine Ayraak est un mercenaire de la compagnie du Croc de Fer, qui doit beaucoup à la merveilleuse Compagnie noire de Glen Glook. Lui et ses sept compagnons ont pour mission de délivrer le fils d’un roi gobelin, un insupportable sale gosse, retenu en otage par des elfes sylvains. Une première séquence d’infiltration, un gageure pour des orcs, sera suivie d’une exfiltration brutale et sanglante. Le dessin est rapide, privilégiant gros plans et décors estompés, mais l’histoire est bien menée et la chute plaisante. Un bon divertissement, dirait Pascal.
P. S. : Je ne connais guère d’histoire, hormis Guerre et paix et Le Seigneur des Anneaux, qui ne justifie, pour se développer de plus d’un livre de 500 pages, de dix tomes de BD ou de 3 heures de film. Après, je reconnais qu’il y a un plaisir à cheminer avec un ami imaginaire. Les interminables romans feuilletons du XIXe siècle ont cédé la place aux Maigret de Simenon, aux héros de Game of thrones ou de One Piece. On quitte la création littéraire pour un agréable passe-temps... Mais, alors qu’il a fallu une vie à Balzac pour rédiger La Comédie Humaine, à Zola pour ses Rougeon-Macquart, les producteurs et éditeurs modernes ont industrialisé leurs process. L’argent n’attend plus.