Bakuman
7.2
Bakuman

Manga de Tsugumi Ōba et Takeshi Obata (2008)

Bakuman de Takeshi Obata et de l'énigmatique Tsugumi Ôba est un manga de 2008 prépublié dans le Weekly Shônen Jump. On y suit le parcours de deux jeunes mangaka en devenir : Mashiro et Takagi âgés de 15 ans au début de l'histoire. L'autre fil conducteur de Bakuman est la relation entre Mashiro et Miho qui se sont promis de se marier après avoir réalisé leurs rêves, ils décident de ne plus se voir avant leur réussite respectives l'objectif final étant que Miho devienne la doubleuse du dessin animé adapté du manga de Mashiro.



L'envers du décor



L'atout numéro un de Bakuman, ce sur quoi il a fais toute sa com, c'est de montrer le mode fonctionnement du plus gros magazine de prépublication de manga au Japon : le Jump dans lequel ont été publiés Dragon Ball, One Piece ou encore Naruto. Au travers de personnages jeunes et donc assez innocents voire naïfs on apprends a leur côtés les rouages de cette machine. Les fans de manga sont aux anges, ils vont enfin savoir comment on fabrique leurs œuvres préférées.
Les premiers tomes sont assez fascinants à ce niveau la et représente une documentation de premier ordre.


Suivre le duo d'auteur est plutôt prenant cependant on découvre vite un style assez particulier dans la narration : c'est ultra ultra ultra verbeux, a en vomir des lignes de texte descriptives, explicatives, rébarbatives. Le dessin est techniquement de très bonne qualité malgré une redondance des lieux et expressions du à l'histoire. Il n'y a aucune inventivité dans le dessin il est à l'image des dialogues très explicatif on a droit a des petits schémas pour aller avec le texte, j'ai trouvé ça bien lourdingue mais cela s'adresse certainement aux lecteurs les jeunes. Autant sur Death Note on avait l'impression de faire une entrée dans la pensée complexe de personnages intelligents autant la on s'ennuie sévère très vite.



Émotions factices



L'histoire d'amour entre Mashio et Miho est, soyons clairs, horripilante et profondément inintéressante à l'image du personnages de Miho qui ne semble n'avoir aucune personnalité. Les passages ou leur "couple" semble en danger m'ont fais fermer le tome pour n'y revenir que quelques jours après tant ils sont désagréables à lire puisque l'auteur aborde l'histoire d'amour comme la création de manga, ultra réfléchi et visant a plaire aux lecteurs à base quiproquos débiles pour relancer l'intérêt, aucune subtilité. De manière générale les femmes dans la série sont traitées de manière très superficielle. A chaque fois que l'on voit Kaya elle est en train : d'engueuler Takagi, de faire le ménage, la vaisselle ou les taches ne demandant aucun talent dans la création du manga (coller les trames). L'assistante Kato ne veut pas devenir mangaka mais juste se marier, Iwase est un personnage colérique et orgueilleux. Bref c'est pas glorieux.


Les personnages sont très peu développés en terme de psychologie ou de background, l'intrigue s'étale sur dix ans et pourtant on observe très peu d'évolutions chez les différents protagonistes. Le fait que le manga soit encré dans le réel ne change pas le fait que cela reste du nekketsu très neutre et lisse. Il est très difficile je trouve de s'attacher aux personnages, leurs caractères étant toujours relié a un unique point précis : Mashiro et sa persévérance, Takagi et ses doutes, le génie de Nîzuma, la fainéantise d'Hiramaru ou les échecs de Nakai. Entre la première page et la dernière on en est au même point.



Idéologie douteuse



Le problème majeur de Bakuman est que l'idée de base, montré l'envers du décor reste très gentillette et on se retrouve face a une espèce de grosse pub pour le Jump, tout le monde est passionné, attentionné mais personne n'a de vision d'artistes tout est fait dans le but de plaire au lecteur et non de faire une bonne histoire et cette idée qui gangrène l'édition du manga est sans cesse justifiée en quelques arguments très peu développés. Les rares personnages ayant des convictions deviennent rapidement des moutons. Même Hiramaru (certainement inspiré de Yoshihiro Togashi auteur feignant mais naturellement doué) rentre dans le rang très rapidement. Quand un des assistants de Mashiro dit que faire un bon manga devrait être la priorité d'un auteur et que tout le monde se ligue contre lui pour lui faire comprendre que ce qui compte c'est un manga qui a du succès j'ai hésité à arrêter la lecture.


On est face une philosophie carrément nauséabonde, on pourrait se dire que d'une certaine manière l'auteur dénonce ce système sauf qu'il choisit de faire dire par ses héros l'inverse. Certaines conditions de vie décrites dans le manga sont parfois misérables, Mashiro passe plusieurs nuits sans dormir ou continue de travailler à l'hôpital parce que sinon son manga risque d'être arrêté, c'est juste atroce mais toujours justifié par le fait qu'un "vrai" auteur se sacrifie pour avoir du succès.
L'auteur l'avoue lui même au travers du dernier manga créé par le duo voyant un personnage de la lumière affronté un personnage de l'obscurité au tour d'un pouvoir magique, on voit très clairement que l'on parle de leur série Death Note. Dans Bakuman les auteurs se battent pour terminer leur série de la plus belle des façon et ne pas gonfler la durée de vie de leur manga artificiellement ce qu'ils n'ont pas su faire avec Death Note et encore moins avec Bakuman donc les derniers arcs scénaristique sont pitoyables (le retour de Nanamine avec sa société, on peut faire moins intéressant ?).


Bon vous l'avez compris j'en avais gros sur la patate après ma lecture, je peux comprendre qu'on puisse voir Bakuman uniquement comme un nekketsu lambda, que l'idéologie qui l'accompagne n'est pas si réfléchie et ne doit pas forcément être prise en compte mas je ne le vois pas comme ça. Je vois Bakuman comme le modèle que beaucoup de jeunes qui veulent devenir mangaka vont suivre et donc cette logique de plaire quitte à renoncer à ses principes bases. Et ça c'est malsain. C'est d'autant plus dommage que les auteurs ont déjà prouvé leur talent, que le dessin est superbe et que ça commence vraiment bien.

Khonda
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le 11 juil. 2015

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