Après le Robin Année Un qui nous a permis de revoir une genèse du personnage adaptée à l'âge moderne et particulièrement pensé pour être dans la lignée de Batman Année Un (ainsi que dans la lignée de la série de 92 pour le ton plus léger et son ambiance si caractéristique), voici le même traitement pour la rouquine la plus audacieuse de Gotham, Barbara Gordon aka Batgirl. Et c'est toujours aussi délicieux, peut-être plus encore même.
Donc. Barbara Gordon rêve de faire ses preuves. Elle rêve d'une carrière de terrain, et en attendant d'avoir l'âge requis, poursuit les études qui lui serviraient le plus pour combattre le crime: recherche d'information, droit, et même arts martiaux. Malheureusement pour elle, son père lui fait clairement comprendre qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'elle n'intègre pas les forces de police de Gotham, et elle ne fait de toute façon pas la taille réglementaire pour cela. La même mauvaise surprise l'attend au FBI, et elle comprend que sa trop grande assiduité et ses capacités risquent fort de la condamner à un travail d'experte documentaliste à vie... elle décide alors de se tourner vers les justiciers. Malgré une démonstration de ses capacités concluante, la Société de Justice refuse de la mettre en contact avec Black Canary, qu'elle désirait avoir pour mentor... Dégoûtée, elle se déguise en une version féminine de Batman pour le bal costumé de la police afin d'ennuyer son père, et qu'elle croise la route de Killer Moth, criminel raté qui décide de faire de la jeune fille sa némésis... Et voilà la malheureuse (ou chanceuse ?) propulsée par hasard dans le monde du Dark Knight...
Un album remarquable. Outre les dessins fabuleux (fluides, dynamiques, expressifs, sublimes, le tout dans un univers graphique cohérent, je manque de qualificatifs pour décrire le plaisir naturel qui monte à la lecture de ce bouquin), on retient surtout une excellente caractérisation du personnage, qui donne une véritable ampleur à Batgirl. Elle n'est pas juste l'apprentie féminine de la chauve-souris, mais un personnage à part entière, qui a ses propres motivations, ses propres méthodes, son propre univers. C'est que la damoiselle n'est pas une héroïne tragique contrairement à ses pendants masculins, mais avant tout une enragée qui tient à faire ses preuves dans un monde qui peine à prendre aux sérieux les jeunes rouquines pas bien grandes. On va même encore plus loin en l'associant au mythe de Cassandre : elle a l'intuition que tout cela finira par s'arrêter et qu'elle finira bien condamnée à rester derrière un bureau (les références et clins d'oeil à The Killing Joke sont légions), mais en attendant ce jour, elle va vivre à 200%.
Bref, c'est extrêmement rafraichissant tout ça. Un volume extrêmement plaisant, remarquable même.