Le tandem auteur de "100 Bullet" livre avec "Cité Brisée" sa version du Chevalier Noir dans une intrigue qui explore la face mafieuse de Gotham City et fait remonter à la surface les traumas les plus profonds de Batman. Un volume complété par d'autres histoires du même duo, publiées à l'occasion d'événements particuliers du "Batverse".


Une jeune femme retrouvée dévorée. Par Killer Croc, bien entendu. Sauf que la victime est la sœur adorée d’une figure de la pègre. Et que le tueur a agi sur commande. Et quand au cours de son enquête Batman revit par procuration l’événement qui l’a conduit à devenir celui qu’il est, découvrant au détour d’une ruelle un enfant dont les parents viennent d’être assassinés sous ses yeux, l’affaire prend un tour nettement plus personnel.


Brian Azzarello et Eduardo Risso, qui s’étaient fait remarquer chez Vertigo avec 100 Bullets, réalisent, alors même qu’ils travaillent encore sur leur série, une mini-série de 6 épisodes qui prend place dans le mensuel Batman entre décembre 2003 et mai 2004. Un passage éclair, pour une œuvre qui s’apparente au final aux récits de type "romans graphiques" produits autour du Chevalier Noir depuis que Frank Miller en avait lancé le concept dans les années 1980.


On retrouve dans Cité Brisée une véritable ambiance de polar hardboiled, poisseuse à souhait, qui livre toute la noirceur et toute la médiocrité dont peut témoigner Gotham City. Batman y endosse plus que jamais la tenue du détective se coltinant, au fil de son enquête à des truands sans états d’âme et à une femme fatale pleine de ressources.


D’ailleurs, les Vilains empruntés à la mythologie Batman tendent, sitôt leur intervention dans l’histoire, vers une forme de réalisme et apparaissent coupés de la part de fantastique qu’ils peuvent véhiculer, comme le recours à leurs patronymes civils, et non à leur surnom, en témoigne . On nous rappelle ainsi que Waylon Jones est d’abord un homme victime d’une maladie de peau, qu’Oswald Copplepot est avant tout un être difforme et qu’Arnold Wesker est surtout mentalement instable.


De vrais partis pris donc, et une véritable interprétation de l’univers. Reste que l’ensemble demeure du coup assez classique, malgré un retournement final bien trouvé, et n’offre pas une aventure particulièrement mémorable. Intelligent et bien fait, ce Cité Brisée tente de tirer son épingle du jeu en introduisant deux nouveaux antagonistes - les seuls à n’être désigner que par leur nom de guerre - et en réinvestissant me trauma initial du héros pour ancrer cette histoire dans le mythe Batman. Mais cela nous a paru dans les deux cas en fin de compte un peu anecdotique.


Le volume proposé par Urban Comics est complété par les autres passages du tandem sur Batman : leur épisode de la série Black & White, Cicatrices, leur participation à l’événement Wednesday Comics, Haute Pègre, et le récit spécial dédié à un Batman incarné par Thomas Wayne, le père de Bruce, lors de Flashpoint, Batman : Chevalier Vengeur.


Chronique originale et illustrée sur ActuaBD

seleniel
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le 2 juil. 2017

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