Quand Gotham devient une galerie d’art gothique… au scénario égaré dans la pénombre

Avec Batman : Damned, Brian Azzarello et Lee Bermejo nous plongent dans une Gotham qui ressemble à une œuvre de Caravage sous stéroïdes. Tout est sombre, stylisé, et terriblement dramatique. Si le visuel claque comme une cape dans une tempête, l’histoire, elle, titube un peu comme un Joker après un verre de trop.


L’intrigue ? Batman se réveille avec une mémoire en miettes et un Joker prétendument mort. Entre hallucinations, manipulations et apparitions spectrales de Constantine (parce que pourquoi pas ?), on suit un Batman encore plus torturé que d’habitude. Mais là où le récit pourrait être captivant, il choisit de s’embourber dans une narration volontairement opaque, flirtant parfois avec l’incompréhensible. On sort de certaines pages en se demandant si on a loupé un détail ou si le scénariste joue à nous perdre exprès.


Côté graphisme, Lee Bermejo est en état de grâce. Chaque planche est une peinture sombre et majestueuse, où Gotham devient un personnage à part entière, presque plus vivant que les protagonistes. Les expressions sont si intenses qu’on peut presque entendre les grincements de dents. Malheureusement, cette richesse visuelle contraste avec une histoire qui semble parfois sacrifier le fond pour le style. C’est beau, mais c’est confus.


Azzarello, fidèle à lui-même, cherche à injecter une dose de mysticisme et de réflexion sur la nature du bien et du mal. Une ambition louable, mais qui manque de clarté. On a l’impression que le récit veut être à la fois une introspection psychologique et un thriller surnaturel, sans jamais réussir à équilibrer les deux. Résultat : une intrigue qui se dilue dans son propre brouillard.


Les personnages secondaires, tels que Constantine ou Deadman, apportent une touche intéressante mais pas toujours bien exploitée. Ils semblent là pour le spectacle plus que pour servir l’histoire, comme des guests stars dans un épisode spécial.


En résumé, Batman : Damned est une œuvre visuellement éblouissante, mais narrativement chaotique. Un album qui séduira les amateurs d’art gothique et d’interprétations libres, mais qui pourrait laisser les fans de récits clairs et percutants sur leur faim.

CinephageAiguise
6

Créée

le 17 janv. 2025

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