Ravagée par un tremblement de terre, Gotham City est également abandonnée par les autorités gouvernementales qui l’isolent du reste des États-Unis. Des mois plus tard, Batman revient à Gotham, décidé à reprendre la ville en mains. Mais celle-ci est découpée en fiefs régis par ses pires ennemis… (Contenu : No Man’s Land #1, Shadow of the Bat #83, Batman#563, Detective Comics#730, Azrael#52, Legends of the Dark Knight#116, Shadow of the Bat #84, Batman#564, Detective Comics#731, Legends of the Dark Knight #117, Shadow of the Bat #85, Batman#565, Detective Comics#732, Batman Chronicles#16)

Après Cataclysme, Gotham City n’était que ruines suite au tremblement de terre. Batman et ses proches, ses « collègues » avaient dès lors abandonné le costume de super-héros pour celui de simple héros. Le plus important étant de mettre le plus de monde à l’abri, et ce, le plus vite possible. Depuis, quelques mois se sont écoulés, Gotham City est devenu un No Man’s Land, Batman n’est plus, et les habitants de Gotham tentent de vivre… de survivre.

Avant de commencer No Man’s Land, il faut savoir certaines choses. Cette saga ne fait pas immédiatement suite à Cataclysme, trois mois les séparent. Durant ce court laps de temps, suite à une décision de Lex Luthor, Gotham City est déclarée zone de no man’s land. Beaucoup d’habitants quittent donc la ville, devenue une zone de non droit. Même Bruce Wayne est parti, Batman aussi du coup, afin de plaider pour la ville, afin d’empêcher les habitants d’être abandonnés. Car certaines personnes sont restées à Gotham. Par devoir comme le commissaire Gordon, par résignation comme de nombreux sans abris n’ayant nulle part d’autre où aller, ou par appât du gain comme le Pingouin ou encore par envie comme beaucoup de criminels de Gotham. Et de ce fait Gotham a radicalement changé. Il n’y a plus de loi, il n’y a plus de certitude si ce n’est qu’une simple pomme vaut de l’or.

A la différence de Knightfall, qui était une saga centrée sur un seul axe long et répétitif, No Man’s Land est un nouveau statu quo, une nouvelle toile de fond où se tissent des histoires, des intrigues et des aventures nouvelles, offrant ainsi beaucoup plus de diversités. Notons que la présentation a changé chez Urban. Fini les chapitres entrecoupés par les couvertures et le casting artistique avant chaque chapitre. Les sagas se lisent d’une traite et personnellement, je trouve cela beaucoup plus agréable, plus de cassure en pleine lecture. Cela est encore davantage plaisant quand on se rend compte que chaque intrigue est l’œuvre d’une seule et même équipe à chaque fois.

Cela étant dit, rentrons dans le concret ! La vie à Gotham n’est donc plus ce qu’elle était pour les gens qui y sont restés. Tout se marchande, tout se négocie, tout s’échange, tout mérite que l’on tue pour l’avoir, et en premier lieu la nourriture qui est devenue une denrée de luxe ! Chose expliquée dans la première saga : Ni Loi ni Ordre de Bob Gale et Alex Maleev. Cette saga permet à Bob Gale, à travers Barbara Gordon, de nous faire un état des lieux, de nous expliquer comment cela se passe à Gotham maintenant et de prendre connaissance des différents gangs qui œuvrent en son sein à travers les différents quartiers. A chaque gang ou chef correspond un tag, dessiné pour rappeler qui contrôle la zone. On se croirait retomber en plein GTA San Andreas ou l’on flinguait à tout va avec CJ Johnson pour étendre et agrandir son territoire.
On y apprend également le rôle de chacun de ceux restés sur place. Barbara Gordon continu de centraliser les informations, au cas où Batman reviendrait. Gordon et de nombreux flics (les gars en bleu) cherche à reprendre Gotham, le Pingouin contrôle une zone de commerce où il fait du profit même sur une simple pomme valant maintenant plusieurs diamants, une véritable Babylone, de nombreux gangs se battent pour agrandir leur territoire, et au milieu de cela, les habitants de Gotham les plus démunis qui se prennent sans cesse le retour de manivelle à chaque fois alors qu’ils n’ont déjà plus rien. La misère, la saleté, les ruines sont merveilleusement bien illustrées par Alex Maleev qui nous signe des planches absolument saisissantes et dérangeantes.
La saga suivante, qui voit s’opposer Huntress à l’Epouvantail, permet aux auteurs de nous montrer à quel point la peur et le ressentiment des gens lorsqu’ils n’ont plus rien ne peut permettre à une personne mal intentionnée de leur faire faire n’importe quoi. Nous ne sommes jamais aussi faibles et manipulables lorsqu’on est au bord du gouffre. C’est encore plus vrai avec une personne comme l’Epouvantail. Histoire prenante, avec de superbes dessins de Dale Eaglesham, jouant de temps en temps sur la corde sensible. Plus nous avançons et plus on pourrait distinguer une auréole au dessus d’Huntress et des cornes sur le chapeau de l’Epouvantail. Les deux se chamaillant sur les épaules des pauvres gens au milieu d’eux comme dans de vieux dessin-animés.
Dans Du Pain et des Jeux, Batman participe, de son plein gré, à une version gothamienne des jeux du cirque de l’empire romain chez le Pingouin. Les gens ne croyant plus en lieu, ou ne voulant pas croire à son retour, ou préférant tout simplement continuer de vivre ainsi, il décide de montrer à Gotham qu’il est là et bien là. Mais même lorsqu’il s’approprie un quartier, il est obligé d’agi et de se comporter comme un chef de gang, avec ordres, menaces et tribut, tellement les gens ont été conditionné par ce nouveau mode de vie. Ian Edginton nous signe une bonne histoire avec le Pingouin en dindon de la farce, mais par contre les dessins d’Israeli me font saigner les yeux tellement c’est une souffrance à regarder.
Dans Mosaïque de Greg Rucka et Frank Teran, Batman et la nouvelle Batgirl (dont l’identité nous est cachée) ont un premier accrochage lorsque cette dernière cherche à découvrir ce que Batman fait des criminels qu’il arrête. D’ailleurs je me posais la même question. Et ce que l’on découvre nous prouve une fois de plus que plus rien n’est pareil à Gotham. Les dessins font très sales, très chaotiques, limite des dessins d’horreur. C’est assez spécial mais cela colle néanmoins avec la situation.
Le tome se termine avec le début d’une saga de Greg Rucka et Jason Pearson se déroulant entre Cataclysme et No Man’s Land et où Renée Montoya travaille conjointement avec Double-Face pour aider les gens !... Oui, c’est assez surprenant, et pourtant il faut se rendre à l’évidence, tout comme le fait une Renée Montoya abasourdie par tout ça. On sent d’ailleurs que l’histoire va se centrer sur ces deux personnages. Quelque chose se passe, Renée allant jusqu’à défendre Double-Face face à Batman et même à lui prendre sa pièce. Le style graphique est très coloré, très cartoony, très simpliste, mais je suis absolument fan, un vrai plaisir à regarder. Sauf le look d’Harvey…

Mais et Batman dans tout cela ? Absent durant plusieurs mois, les gens ne croient plus en lui, même lorsqu’il est de retour. Et que dire du comissaire Gordon qui ne veut même pas que l’on prononce son nom, au risque de foutre en l’air son couple. Et puis surtout Batman n’a plus aucun repère à Gotham, en trois mois tout à changé et à l’instar de Gordon et ses hommes il va devoir emprunter des chemins qu’il ne pensait jamais utiliser un jour !
Et plus que Batman, ce sont les personnages qui l’entourent habituellement qui sont mis en avant, des personnages comme Barbara Gordon, comme Huntress et comme le commissaire Gordon. Même les méchants comme le Pingouin ou l’Epouvantail sont davantage à l’honneur. En même temps, tous ces personnages ont eu trois mois, eux, pour s’acclimater, pour changer afin de mieux correspondre à ce qu’il reste de Gotham. Et je dois bien dire que cette absence de Batman n’est pas plus gênante que cela, tellement les histoires sont variées, prenantes et bien écrites.

No Man’s Land est donc le début d’un nouveau mode de vie à Gotham. Et pour le coup une nouvelle toile de fond pour les auteurs d’écrire des histoires sur Batman. Tout a changé, et il faut pour nos personnages s’adapter et vivre, œuvrer en conséquence. Les méchants sont toujours méchants, les gentils, eux, doivent être moins gentils et accepter de se salir les mains, la loi n’ayant plus cours à Gotham ! Chose que nos héros font le cœur lourd.

Bref, pour moi No Man’s Land, du moins ce premier tome est une réussite ! Je suis fan de ce nouvel état des lieux à Gotham, fan de ces guerres des gangs, fan de ces gentils qui doivent agir comme des méchants, fan de ces nouvelles histoires, fan de cette nouvelle façon de vivre, fan de ce Batman mis à mal par sa propre ville, fan de le voir devoir se rappeler aux bons souvenirs de ceux qu’il protégeait jadis, fan de ce début de No Man’s Land tout simplement ! Gotham est devenue une jungle et seuls les plus forts survivent !
Romain_Bouvet
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le 29 avr. 2014

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Romain Bouvet

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