Quand la chauve-souris hésite entre conte de fées et thriller pop-corn

Avec Batman: The Dark Prince Charming, tome 2, Enrico Marini conclut sa vision esthétique du chevalier noir, en injectant une dose d’élégance européenne dans l’univers gothique de Gotham. Mais si le visuel frappe fort, l’intrigue, elle, ressemble parfois à un ballon de baudruche qu’on aurait laissé se dégonfler avant la fin.


Le récit continue l’affrontement entre Batman et son éternel rival, le Joker, cette fois autour d’un enjeu plus intime : la disparition d’une fillette qui pourrait bien être la fille du justicier. Oui, on frôle ici le soap familial, mais rassurez-vous, les dialogues sur fond de drames personnels sont vite remplacés par des courses-poursuites et des bastons énergiques. Pourtant, sous les néons de Gotham, la tension ne parvient jamais à atteindre des sommets dignes du duel mythique entre le Joker et le Dark Knight.


Graphiquement, Marini reste impérial. Chaque page est une œuvre d’art, avec des jeux de lumière qui donnent vie à une Gotham plus vibrante que jamais. Les personnages, redessinés avec un style léché et dynamique, possèdent une sensualité inédite : Catwoman incarne le charisme, et le Joker se pavane avec une excentricité fascinante. Mais cette excellence visuelle masque parfois un scénario un peu convenu, qui peine à surprendre.


Côté intrigue, le rythme est soutenu, mais les enjeux émotionnels manquent de poids. L’histoire se contente de cocher les cases habituelles du drame super-héroïque sans jamais vraiment se risquer en terrain inconnu. Les dialogues oscillent entre efficacité et banalité, et si les punchlines du Joker tirent parfois un sourire, elles n’atteignent pas la noirceur acérée qu’on attendrait.


Le final, bien qu’intense, tombe dans une prévisibilité qui gâche un peu l’effet de surprise. On aurait aimé voir Marini prendre plus de risques narratifs pour faire de cette conclusion une vraie claque émotionnelle, au lieu d’un feu d’artifice visuel un peu creux.


En résumé, The Dark Prince Charming, tome 2 est une conclusion élégante mais légèrement décevante, où la beauté du dessin prend le pas sur la profondeur de l’histoire. Un album qui se regarde avec admiration mais qui se lit avec une pointe de frustration.

CinephageAiguise
6

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