Lorsqu'au milieu des années 80, les auteurs travaillant sur Batman décidèrent d'apporter un peu plus d'épaisseur au second Robin, Jason Todd, le public ne suivit malheureusement pas. Les créateurs eurent alors l'idée de proposer aux lecteurs un concept assez novateur pour l'époque. S'ils appelaient tel numéro, Jason Todd survivrait. S'ils composaient l'autre, il mourrait. Bien que très serré, le résultat ne fut pas en la faveur du second Robin.
Ce recueil propose deux histoires, Un deuil dans la famille, ainsi que Les morts et les vivants, la première illustrant donc la mort de Jason Todd, la seconde intégrant son successeur Tim Drake. Scénarisé par Jim Starlin et dessiné par Jim Aparo, Un deuil dans la famille vaut surtout pour l'événement tragique qu'il met en place et surtout, pour les conséquences que cela implique. Si l'ensemble se suit agréablement, le classicisme des dessins de Jim Aparo s'accorde parfois étrangement avec la noirceur du récit. Il manque clairement la beauté graphique et la folie furieuse d'un Killing Joke.
Toujours mis en images par Jim Aparo (secondé par George Perez et Tom Grummett) mais cette fois scénarisé par Marv Wolfman et George Perez, Les morts et les vivants est déjà plus intéressant, car se déroulant juste après les événements tragiques de Un deuil dans la famille. Le premier Robin, Dick Grayson, est au centre du récit, tout comme Tim Drake, impuissants face à l'attitude suicidaire de Batman. Ce qui est l'occasion d'esquisser une réflexion sur le deuil et les responsabilités qu'impliquent un tel choix de vie, loin d'être inintéressante.
Graphiquement proche du premier récit, Les morts et les vivants s'autorise cependant quelques idées scéniques fort pertinentes, notamment lorsqu'elles illustrent les réflexions conjointes de Batman et de son ennemi Double-Face. Même si les deux histoires composant ce recueil ne sont pas les plus passionnantes de la saga, leur importance en font un passage obligatoire pour tout fan de l'univers du Caped Crusader.