Un Deuil dans la famille ; nous sommes en 1988, environs 5 ans avant la vague de chute des icônes dans laquelle Superman perdra la vie et Batman se retrouvera paralysé. Déjà à cette période, la mort d'un personnage fort avait été envisagée comme moyen d'améliorer les recettes. Cependant, dans le cas Jason Todd c'est au public qu'est revenu le choix de sa survie (ou non). Sur 10 000 votes exprimés, le choix fatal a été décidé avec une majorité d'une centaine de voix à peine.
A l'instar des œuvres que j'évoquais plus tôt, cette bd est une histoire qui tient plus d'un concept que d'un véritable scénario. Pourtant, j'ai trouvé Un Deuil dans la famille beaucoup plus agréable à lire que Knightfall ou La Mort de Superman.
Il faut dire quel'intrigue est plus courte et donc plus concise. En outre, alors que beaucoup parlent des dessins "old-school", les traits de Jim Aparo sont époustouflant de modernisme (pour l'époque). La colorisation peut faire vieillotte, la dégaine de certains personnages évoque clairement les décennies passées ; mais pour ce qui est du découpage et de la mise en scène, nous sommes en présence d'un style absolument intemporel.
Concernant l'intrigue je n'ai pas grand chose à dire. L'idée est d'amener la mort d'un personnage et encore une fois, l'auteur se débrouille mieux que ce qui sera fait pour le chevalier noir ou le dernier fils de Krypton.
Le déroulement parait vraisemblable sauf sur un point : le méchant choisis. Je pense que sélectionner le Joker comme Némésis pour cette aventure fut une très mauvaise idée car elle fait perdre énormément de crédibilité au récit. Qu'il s'agisse de la première partie (où le Joker traverse le Moyen Orient pour vendre des armes) ou de la deuxième (où il devient ambassadeur de l'Iran aux Nations Unies), toutes les situations présentées semblent être aux antithèses de ce à quoi correspond le Clown prince du Crime. Batman a énormément d'adversaires et certains auraient fait de bien meilleurs candidats à ce poste.
Voilà pour moi le point noir d'un titre qui, sans ça, aurait pu réaliser un sans faute dans son genre.
Par conséquent je ne classerait pas Un Deuil dans la famille parmi les histoires cultes de Batman. C'est une histoire très médiatisée qui s'en sort, certes, bien mieux que ses semblables.
Maintenant, à moins de chercher à augmenter sa culture du chevalier noir, c'est un récit à côté duquel on peut très largement passer.