Je sors très enthousiaste de ma lecture, qui me rappelle les univers anthropomorphiques de la Bd "Blacksad" et du film de Pixar "Zootopia", quoique ce dernier est une meilleure référence, car il aborde également la vie collective entre proies et prédateurs.
Nous suivons Legoshi, adolescent de 17 ans et d'espèce prédatrice, à savoir le loup gris. Ce grand personnage a néanmoins une nature timide, a du mal à s'exprimer et souhaiterait bien ne pas être étiqueté en fonction de son espèce. Ceci-dit ce n'est pas le seul. Dans son monde, la paix entre carnivores et herbivores semble bien fragile et repose sur une cohabitation plus ou moins réussie, ou les préjugés abondent et les apparences sont trompeuses. On aura tôt fait de prendre le gentil Legoshi pour un être au potentiel de violence évident, l'élégant Louis pour un fier représentant de l'école motivé par l'altruisme et la petite Haru pour une lapine dévergondée et fragile. Il y a sans doute un peu de vrai là-dedans, mais on est loin du compte et c'est ce qui est bien de la série.
Les choses se corsent dès le début: un alpaga nommé Tem est tué et dévoré. La communauté scolaire est choquée, mais pour le Club de théâtre dont faisait parti Tem, c'est la consternation. Comme Legoshi connaissait le jeune alpaga et lui-même étant un membre dans l'équipe technique, on commence même à porter des soupçons à son endroit. Pour l'heure, néanmoins, il faut préparer la pièce qui sera présenté aux futurs élèves, ce qui inclut de devoir remplacer Tem.
Le premier tome rend bien cet univers intriguant où cohabitent toutes sortes d'animaux. Tout comme l'a fait Zootopia, Beastars garde certains éléments réalistes, telle le respect des divers tailles en présence et les impondérants que cela occasionne. Également, il y a la fameuse question de la nourriture. Dans cette société "civilisé", les carnivores ne mangent plus de viandes, compensant en mangeant des œufs, des insectes et du pain, mais le tabou ultime demeure le fait que les carnivores ont toujours faim de viandes et que cette viande se promène près d'eux sous forme de collègues, de camarades et de professeurs. C'est donc l'un des enjeux principaux dans l'histoire: Legoshi, loup de sa condition, va t-il parvenir à dompter ses instincts primaires? Peut-on dompter sa nature?
J'ai bien aimé le personnage de Louis, le cerf rouge, qui semble plus "prédateur" que Legoshi. C'est un personnage rusé, intelligent, mais aussi clairement complexé, voir torturé.Ça promet des péripéties psychologiques dans le futur!
J'ai bien aimé l'assurance de Haru, qu'on traite allègrement de traînée, mais qui sait se défendre.
Bref, niveau personnages, on a une sacrée brochette de personnalités, qui vont forcément entrer en collision à un moment ou à un autre. Juste avec eux, on ne s’ennuiera pas.
Niveau action, je dirais que cela va venir d'avantage dans le tome 2, avec la pièce de théâtre, notamment. Le premier tome permet surtout un tour d’horizon sur les personnages principaux, l'univers en présence ( qui est plus complexe qu'il n'y parait) et la trame de départ ( un herbivore tué pour être mangé).
Pour en être rendu au 3e tome, je peux affirmer que cette série me plait. Entre le drame, il y a aussi des scènes du quotidien qui mettent en relief le monde de ce manga. Entre l'action, il y a la réflexion. C'est donc une série bien calibrée, qui est ludique tout en étant philosophique et psychologique.
Je me suis rapidement attachée aux personnages et à ce monde anthropomorphique. J'apprécie le sens du détail de l'auteur, tant sur les objets que sur l'organisation de son univers.
Pour le dessin, disons que je me suis habitué au style un peu gribouillé que je vois pour la première fois, mais le dessin prend en gallon dans les autres tomes. Les jeux d'ombres et lumières sont intéressants, ceci-dit.
Une belle trouvaille au rayon shonen!