Belles de nuit
7.4
Belles de nuit

BD (divers) de Olivier Ledroit (2013)

Olivier Ledroit n'a pas dessiné que pour la BD, il a aussi fait des artbooks. Après ses guides des fées et avant Fées & amazones, il a même fait de la peinture et a participé à des expositions. Belles de nuit regroupe tous ses travaux dédiés aux femmes en lingerie, incluant le nom des oeuvres, ses dimensions initiales et sa date de création, avec toutefois quelques dessins sans ses caractéristiques, oublis regrettables (à moins qu'il ne soient inédits ?).


Les œuvres originales étant à grand format (souvent du 40x60 cm minimum), le bouquin se montre imposant. Vous aurez plusieurs doubles voire quadruples pages, et le problème des portions cachées au niveau de la tranche dans Fées & amazones est ici presque absent, l'espace étant mieux utilisé. En terme d'édition, on ne se moque pas de nous. Le texte se limitera à une préface, une postface et quelques citations de goût variable, heureusement pas assez présentes pour parasiter la contemplation.


Belles de nuit a pour thème les femmes dénudées ou en lingerie fine, vous aurez beaucoup de porte-jarretelles. Elles seront aussi pâles que des vampires, à quelques exceptions près. Les couleurs sont quasiment absentes, sauf pour les quelques rousses que vous verrez. Vous avez donc intérêt à aimer ce style si vous vous intéressez à cet ouvrage. Il faut surtout vous faire à l'idée que les dessins sont plus qu'érotiques, ils sont parfois totalement explicites. L'origine du Monde vous sera à de nombreuses reprises pleinement exposée, parfois sans grande subtilité. J'avoue que ce n'est pas trop de mon goût, du moins pas de cette manière là. De même que les nombreux très gros plans sur les fesses ou sur les vagins, ou encore les tableaux intitulés "L'art de tailler une plume". Ce n'est pas ce que j'appelle la classe, encore moins quand ils se ressemblent. Voilà ce que vous devrez accepter si vous souhaitez profiter des images, et malheureusement ce n'était pas toujours mon cas. Mais le reste méritait l'achat.


Le dessin d'Olivier Ledroit est toujours magnifique. Il ne s'agit pas seulement de rendre hommage aux corps, il s'agit de donner vie à ses personnages, de leur attribuer cette étincelle qui les rend magnétiques. Les regards, qu'ils soient fuyants ou adressés au lecteur, sont d'une grande profondeur. On devine le caractère de ces femmes : tantôt dominantes, tantôt mystérieuses, tantôt joueuses, elles sont toutes fascinantes. Elles sont bien plus sensuelles par leur posture et leur visage expressif que par leur anatomie pourtant irréprochable (selon des canons de beauté "conventionnels" que partage vraisemblablement l'artiste, vous n'aurez par exemple pas de rondeurs). Si j'ai déjà dit plus haut que je n'appréciais pas toutes les postures, il y en a bien d'autres qui mêlent magistralement l'érotisme avec l'élégance. C'est globalement une splendeur, à quelques rares dessins un peu vilains près.


Je déplore toutefois un certain manque de diversité. Il y a trois couleurs de cheveux possibles : noir, blond ou roux. Et au sein de chaque teinte, il n'y a pas de variante de couleur. Toutes les brunes ont la même nuance de noir, seule la coiffure changera. Elles ont également des tenues qui certes varient, mais sont dans un même thème, et leurs postures peuvent également se répéter un peu. Ces 3 facteurs réunis, on obtient des dessins qui se ressemblent parfois trop malgré les nuances. On se retrouve à faire défiler des pages parce qu'elles n'attirent plus le regard, la répétitivité finissant par amoindrir l'impact. Mais on retrouvera quand même des fulgurances. Quelques dessins de groupes sont présents, surtout à la fin, et apportent une bouffée d'oxygène salvatrice.


Je dois dire que j'ai un peu moins apprécié ce livre là que le plus récent Fées & amazones. Les dessins sont bien plus grands, les personnages sont mieux mis en valeur et les regards sont plus intenses. Il y a là des images marquantes qui méritent largement le coup d’œil des amateurs d'érotisme. Mais l'artbook steampunk suivant aligne plus d'audaces artistiques et troque le dénuement contre une myriade de détails qui flattent ma rétine. Choisissez ce qui vous correspond le plus, mais les deux sont splendides.

thetchaff
7
Écrit par

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le 10 août 2016

Critique lue 458 fois

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thetchaff

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