Berserk, c'est le genre de manga qu'il ne faut pas prendre à la légère. Dôté d'une réputation exceptionnelle parmi les fans de dark fantasy et de manga en général, le côté sulfureux, noir et très dur en plus, cela fait quelque temps qu'il me faisait du pied. J'avais voulu commencer plus jeune, mais devant la violence du spectacle, je me suis écarté de cette oeuvre vers mes 17 ans, et j'ai bien fait !
Berserk, comme la plupart de grandes oeuvres manga, une fois qu'on met le pied dedans, c'est quasiment impossible de partir. Et mon pote qui me disait qu'il fallait absolument regarder l'anime de 97, ainsi que les mangas en même temps.
On s'immerge dans un monde sans foi ni loi, de la très bonne dark fantasy, avec l'introduction badass de Guts, héros guerrier noir. Ici, on est dans le gore, le violent, l'impitoyable, le cruel tel qu'un vrai moyen- âge européen pouvait être. Les femmes et les enfants en prennent plein la gueule, les hommes sont des porcs ou des cons, et personne n'est vraiment gentil.
Berserk regorge de qualités : le dessin tout d'abord, qui s'améliore grandement de tomes en tomes. Très minutieux, on a l'impression qu'un monde immense, riche et dense se pavane sous nos yeux. Le trait est magnifique, et la description des monuments ou des environnements est splendide. Que dire des combats ? on sent toute la dureté ce qu'endure les héros, et le bestiaire mythologique, bien pioché à droite et à gauche, est un superbe pot- pourri.
Mais le clou du spectacle, c'est bien évidemment l'intrigue. Formidablement bien construit, je défie quiconque qui n'a pas été cloué sur son siège pendant l'âge d'or, l'éclipse, puis l'arc de Mozguz, ou encore celui de Garnishka. L'histoire prend son temps, expose très bien les enjeux de tous les personnages, leur psychologie, leurs passés et ficèle l'intrigue de façon très correcte. Miura a réussi un tour de force à chaque tome de nous faire passer par beaucoup d'émotions, tout en développant son univers, en plus moments de combats hardcore, et des moments plus calmes où les dialogue sont plus posés, très inspirés par la philosophie de Nietzsche ou encore Spinoza et Machiavel, encore une fois bien dosés.
Beaucoup de personnes disent à raison que les 13-14 premiers tomes de Berserk sont un moment de bravoure manga absolument incroyable, et il faut dire que cette première partie est exemplaire. Cependant, il faut absolument lire la suite pour voir tout l'univers se déployer de façon géniale, par petites touches.
Evidemment, on ne peut pas parler de Berserk sans leurs personnages : mon préféré et de loin, l'intrépide Casca, jeune femme aussi sublime qu'intelligente et sensible, qui aura un destin tellement tragique qu'on a du mal tout du long avec elle, de même que Guts, grand guerrier solitaire ultra charismatique qui se révèle au fur et à mesure du récit, formidable combattant et doit combattre les démons et ténèbres pour enfin arriver à sa vengeance, et Griffith, mystérieux chef de la mythique bande du faucon, aussi énigmatique que malin, assoiffé de pouvoir et de domination.
Il y a évidemment tellement de seconds rôles dans Berserk excellents, très bien disposés tout au long du parcours du héros : de Zodd à Mozguz en passant par Shierke et Farnèse, ou encore Judeau, Korkouz, Puck, Isidoro, ou Garnishka, Wyald, le ministre Foss.
Dire que Berserk est une oeuvre qui marque est un euphémisme. Ce n'est pas un manga à la portée de tout le monde. D'ailleurs, c'est un manga d'initiés où la violence sexuelle, psychologique, et physique est abondante, et où le voyage de Guts ne se fera pas sans son lot de traumatismes divers et variés. C'est un univers féroce, sombre, noir, nihiliste, très violent et dur, je ne le mettrai même pas à la portée d'un ado.
Pour tout amateur de manga qui se respecte, et qui apprécie la dark fantasy, c'est un pur chef d'oeuvre. En tout cas les 30 premiers tomes sont extraordinaires, rarement vu une histoire qui prend autant aux tripes. La suite baisse petit à petit en qualité, mais cela reste de très bonne facture. J'ai pleuré 2 fois, j'ai eu de nombreuses fois les frissons d'horreur, et fut choqué à quelques reprises, j'ai rigolé et sourit, et j'étais en colère et triste tellement ce voyage dans les ténèbres est d'une noirceur abyssale. On en ressort pas indemne après un tel voyage.
Certes il y a quand même des maladresses et des choses qu'on voit arriver, mais dans l'ensemble, cela reste un immense pilier du manga. Cela fait plus de 30 ans que ça continue, on espère la suite avec Koji Mouri aux mannettes sera tout aussi bien. Le tome 41 et ultime de Miura se finit de toute beauté, concluant (peut- être) la fin d'un des plus grands mangas, euh non livre de tous les temps !
Quel voyage. Comme les grandes oeuvres, tu y pense un petit moment tous les jours, toutes les semaines. Et je peux dire comme tout le monde sur Senscritique, Berserk c'est la vie, tout simplement.