"Ils voulaient des raisons pour ce destin qui ne cessait de transcender leur connaissance"
Berserk est un manga d'une ambition incroyable. Kentaro Miura, esthète et mangaka cultivé, revendique l'héritage de Guin saga - pavé de littérature japonaise - , Conan ou du film La Chair et le Sang, et hérite du travail de Hokuto No Ken sur lequel il a travaillé en tant qu'assistant.
La première approche de cette oeuvre nous mets dans l'idée que l'on suit un homme (Guts - comme vos tripes), à la force surhumaine, dans une quête de vengeance, dans un déluge de gore et d'ambiance oppressante à travers un monde médiéval/horrifique.
Puis une ligne se dessine, une histoire et des sentiments prennent de l'ampleur pour rebondir et se métamorphoser régulièrement, avec une narration parfaite. Tout cela dans un dessin d'une richesse rarement vu dans une bande déssinée japonaise, très influencées par les gravures de Gustave Doré, mais aussi du dynamisme propre au manga.
On est attentif, on interprète et on lit entre les lignes. Et la se trouve la clé. Berserk est ambitieux. Plus que simplement épique, c'est une histoire sur le Mal se trouvant en chaque homme ou femme, à celui qu'il engendre, et sur une conception de Dieu, de l'humain face à lui, et de la causalité de chaque acte.
La violence, le pouvoir, le sang, le sexe, l'espoir et (surtout) son inverse, la croyance, l'enfance... la complexité et la richesse des thèmes abordées n'en finit pas de s'étendre, tout en ne s'éloignant jamais de l'action et du dynamisme introduit aux prémisces.
Seul un monde aussi noir et violent que celui du Midland peut exacerber les émotions ressenties à la lecture et accoucher d'une telle puissance du récit. Elle reste une lecture exigeante à ne pas bâcler.
Une oeuvre totale.