C'est l'oeuvre majeure de Nihei, qui doit aujourd'hui tenter de répondre à la pression des éditeurs pour sortir "la même chose", et semble se planter quand il tente autre chose (Knights of Cydonia ?).
Blame! c'est d'abord le dessin psychotique et faramineux, notamment à partir du tome 2, où il est moins "propre" et plus détaillé. C'est sa qualité la plus évidente, et pour les sensibles, l'extraordinaire ambiance synthétique, froide, cyberpunk hardcore jusqu'au-boutiste que je n'ai retrouvé dans aucun média jusque là.
Et l'action est extrêmement fluide, lisible, elle se passe d'ailleurs d'explication textuelle, le texte n'est là que pour nommer les lieux, personnages, et donner quelques pistes et traces de vie. La mise en scène, très cinématrographique, font de chaque tome un plaisir immense pour les yeux, si l'on est pas trop claustrophobe.
En parlant de fluidité, on reproche en général a Blame! d'être incompréhensible. Faux ! A lire attentivement et regarder chaque case : le dessin n'est jamais absurde où incompréhensible. Les évenements sont même très clairs et simple jusqu'au tome 5, où les évènements des chantiers orientaux introduisent des concepts de réalité parallèles et commencent un peu à être difficiles. La deuxième partie de la série, effectivement, comportent un lot de mystères que je ne résouds toujours pas après 3 lectures (qui peut m'expliquer le log. 49, s'il vous plaiiiîît ?!) et la traduction française étant souvent à coté de la plaque... Ne serait-ce que pour le sexe de Sanakan (?!)
Mais l'intêret n'est finalement pas là. En grand fan de jeux vidéo, Nihei illustre une aventure, avec des relents de classicisme dans la quête , avec son héros qui avance en éliminant ses obstacles, d'un point A à un point B. Des factions ennemies, ou neutres, souvent dénuées de passif et de personnalités, qui s'alignent avec une force croissante (Sauvegardes et Silicates). Ne lis-on pas "Adventure seeker Killy in the cyber-dungeon quest" sur les 4ème de couverture? L'hommage aux jeux un tantinet old school a changé ma vision de cette BD. Et le titre, édité la première fois avec une faute d'orthographe, n'a pas de sens caché : BLAM! , un tir, tout bêtement : c'est bien plus une BD d'action dans un environnement extrême qu'un poème philosophique futuriste à la Gunnm! ou Ghost in the Shell.
A lire et relire d'une traite.
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