La tête de proue du seinen
Comme souvent dans les bons mangas, il faut laisser le temps à Berserk de mettre en place son univers. Puis il nous révèle tour à tour ses facettes reluisantes.
Tout d'abord, il s'agit d'un manga rangé à raison dans la catégorie des seinen : la violence y est représentée de manière crue tant sur la plan graphique que psychologique. Cependant, elle peut rarement être qualifiée de gratuite tant elle s'inscrit dans une description crédible bien que peu nuancée du midland, royaume fictif rappelant fortement la France déchirée par la guerre de cent ans au XIVe et XVe siècles. Le décor ainsi planté puise fortement dans l'imaginaire de la dark fantasy, thème peu exploité par les auteurs japonais ce qui malgré l'âge du manga paraît toujours rafraichissant.
La galerie de personnages proposés peut au premier abord manquer de subtilité. Cependant l'évolution des personnages est plus lissée que dans la plupart de ce type de publication, et donc au final se révéler plus intelligente que la situation initiale du manga peut le laisser espérer. C'est encore plus vrai dans le cas du trio Guts/Griffith/Caska.
On ne peut omettre de signaler l'excellence du graphisme proposé par Kentaro Miura. Les scènes fourmillent de détails.
Quand Guts passe en mode berserk, vous sentez sa colère monter en vous. Certaines doubles pages font penser à des gravures et à des miniatures d'époque. Cependant un tel travail a un prix : la parution d'un seul chapitre peut prendre des mois, ce qui ralentit fortement le rythme de publication. A réserver aux patients donc et à tous ceux désireux de découvrir ce que le seinen a de mieux à offrir.