Annoncé pour Halloween 2022 il parait finalement dans une période moins horrifique a priori (fin mars 2023) : voici Bibliomania, son sens de lecture « occidental » et sa couverture, qui évoque celle des adaptations de Lovecraft en manga (du point de vue visuel, les composés étant différents).
Le récit se construit dans un va-et-vient entre présent et passé, afin de comprendre comment une jeune fille (Alice) s’est retrouvée dans un manoir peu habituel et pourquoi un serpent tient le rôle du majordome. Indice : s’ils en sont là ce n’est pas parce que la nuit qui a dévoré le monde mais c’est tout aussi inquiétant. Appelez Shinji Ikari !
Dans l’odyssée d’Alice vers la sortie (et la chambre 000), un compte à rebours se joue pour elle, qui permet d’apercevoir d’autres résidents du manoir, autant de portraits abîmés par la vie et qui ont trouvé une échappatoire dans leur chambre respective. Ah ces chambres d’enfants et le monde qu’elles abritent… cela vous rappelle quelque chose ?
Pour autant le titre ne me laissera pas un souvenir impérissable. Si ce titre est présenté comme un Alice au pays des merveilles version Hideaki Anno (pour aller très vite), l’ensemble peine à convaincre. Certes les éclairages proposés permettre de mieux comprendre ce qui se joue, on a une conclusion loin des happy ends, certaines planches plutôt iconiques, un joli travail de lettrage, de traduction… mais l’intrigue est assez vide, la fuite à travers les chambres ne pose jamais trop de problèmes… Le rush permanent (on ne verra pas plus de 400 chambres à la fin, il y a des cuts!) empêche de s’agripper à quoi que ce soit et le, majordome est assez insipide, tout comme les personnages croisés par Alice. Je regrette aussi l’absence de postface des deux auteurs.
En somme Bibliomania est un bel objet livre mais le contenant ne fait pas le contenu. Ce n’est pas le one-shot de l’année mais un récit qui souhaite prendre du recul et de la hauteur, au risque de ne pas offrir un atterrissage réussi.
PS : un extrait en japonais peut être consulté ici.