C'est avec une impatience non feinte que j'ai commencé ce premier tome des aventures indépendantes de Batgirl. Personnage génial de l'univers Batmanesque, elle est à mes yeux l'une des héroïnes les plus intéressantes de DC.
Barbara Gordon est juste formidable. Elle est drôle, extrêmement intelligente, plus agile qu'un Robin et pas loin d'être aussi balaise que Batman. Et lorsqu'elle se retrouve handicapée, elle ne se laisse pas abattre, non, elle continue de mettre tout ce qu'elle a en jeu pour défendre ce en quoi elle croit. Batgirl, c'est la première héroïne en fauteuil roulant.
Et en plus, c'est une bibliothécaire.
L'idée de cette série, c'est de donner une seconde vie à l'héroïne. Exit le côté handicapée, Barbara se remet miraculeusement de ses blessures.
C'est aussi remettre un peu au goût du jour l'univers de Gotham et ses personnages, histoire de montrer qu'on a un poil changé d'état d'esprit chez DC. En un tome, on arrive donc à faire notre quota : toutes couleurs de peau et orientations sexuelles sont là, voilà, on est ouverts, toussa toussa.
Bon, dans le fond, je trouve ça plutôt bien de tenter de rafraichir l'image poussiéreuse des super héros et de leur univers ultra sexiste, même si les ficelles paraissent une peu grosses. Là n'est pas vraiment le problème.
Non, ce qui me chagrine vraiment, avec ce comics, c'est la transformation opérée chez Barbara Gordon. On peine à reconnaître notre personnage. Certes, sa malice et son répondant sont aux rendez-vous, mais... je ne sais pas. Ce personnage est devenu totalement immature, obsédée par son image, sans arrêt sur son phone, même une fois passée sous le costume. C'est pourtant le propre de la bat-team de laisser leur image de côté, d'endosser le rôle de chevaliers noirs, tout ça tout ça, non ?
Les scènes d'action elles-mêmes sont assez étonnantes. Batgirl qui se bat en plein jour à la fac, Batgirl qui se bastonne sur une scène de concert, Batgirl qui bastonne des fille qui tentent de lui piquer son identité... sérieux, y a pas de super vilains plus dangereux à mettre hors d'état de nuire ?
Alors oui, les dessins sont absolument superbes, les couleurs pètent de partout et vous en balancent plein les yeux, et oui, c'est toujours aussi plaisant de retrouver cette héroïne en pleine possession de ses moyens. Mais son personnage semble avoir été vidé de toute sa substance, comme passée à la moulinette d'une mode un peu étrange, que je ne parvient pas à comprendre.
Peut-être que cette BD plairait davantage aux adolescent-e-s, plus légère qu'un Batgirl - année 1 par exemple, et très, très loin d'un Killing Joke. Et l'effet pervers de cette légèreté, c'est qu'elle donne l'impression d'une série "girly". Comme si une Batgirl ne pouvait pas avoir des aventures aussi sérieuses et sombres que le batou. Nan, il faut plein de couleurs, de paillettes, et des ennemis pas trop méchants quand même.
J'aurai aimé un personnage traité en tant que tel, pas seulement le reflet fantasmé du public visé par les éditeurs... dommage.