Dans Revival, y'a des vivants, des...un peu moins vivants, et des choses trop mystérieuses pour les décrire.
Commençons par les vivants. Les personnages sont vraiment bien construits, on commence par les présenter sans trop en dire, avec quelques détails semblant anodins mais qui justement les humanisent beaucoup sans avoir besoin de réelle description.
On parle de la famille, de religion, de science, de responsabilité..à partir de petits détails comme un jeu dans un bar, le nombre de téléphone qu'ils peuvent avoir, ce qu'ils aiment manger, écouter...
Les personnages ont également l'avantage de détourner les clichés : Il y a une différence de traitement du père envers ses 2 filles, mais celles-ci ne sont pas en conflit, Dana est peu présente pour son fils mais celui-ci n'en souffre pas, un homme âgé tente de séduire une femme plus jeune, ce n'est pas un vieux pervers, mais simplement un homme touchant, le riche n'est pas un connard sans cœur qui profite de la peine des gens...Après avoir été présentés, c'est un délice de voir le rythme s’accélérer subitement lorsqu'ils sont confrontés aux mêmes problématiques.
Les personnages de Revival sont un excellent support pour aborder des thématiques très sérieuses, thématiques qui sait également passer par autre chose que par des dialogue, la narration privilégie ainsi les symboles, les paroles de chansons, les plans, les métaphores...
Un des meilleurs exemples de cette technique est selon moi la volonté de réunir les opposés, cela se retrouve dès les premières pages avec le débat scientifique/religieux à la radio, on la retrouve également à travers l'animal mi-cheval mi-zèbre, grâce a l'employé travaillant avec les morts qui est celui qui prend le plus peur lorsqu'ils se "réveillent", les téléphone privé/pro de May, l'homme ayant une femme et une maîtresse, la femme âgée dont les dents repoussent, l'enfant qui est parfois avec son père parfois avec sa mère, le motard religieux, ou encore les personnages aux propos racistes qui se verront soutenus par un asiatique...
Abordons à présent les non-vivants, dans la BD ils seront majoritairement appelés "ranimés" ce néologisme est très bien trouvé car ils seront traités comme des vivants ayant vécus la mort, et non comme on le voit souvent, comme des morts ayant vécu la vie. Si une bonne fiction de zombies est celle qui ne s'en sert que comme prétexte pour aborder le comportement des hommes entre eux, alors Revival est une très bonne BD de zombies. Tout tourne en effet sur les confrontations d'idées concernant le sort des ranimés. La peur ne vient pas du fait qu'un monstre totalement déshumanisé peut surgir et nous dévorer à n'importe quel moment mais au contraire qu'un proche ayant conservé sa part d'humanité peut avoir un comportement imprévisible.
Il y a, dans Revival, un personnage particulier, une masse humanoïde jaunâtre, je n'en dirait pas trop à son sujet car le mystère qui rôde autour de lui participe grandement à l'ambiance sombre et mémorable qui ressort à la lecture. Scénaristiquement, il a pour fonction de donner à cette histoire de morts-vivants un peu de piquant, quelque chose en plus. Métaphoriquement, il représente bien entendu l'inconnu, la déshumanisation, la recherche de complétude, l'obsession...
Cette silhouette, c'est l'atmosphère étrange qui vient s'ajouter à un récit humain et réaliste. Les illustrations aux couleurs diffusent et les passages "poétiques" (début et fin sans entrer dans les détails) participent à cet ambiance si marquante.
Tellement de qualités, mais alors pourquoi pas 10?
Pas 10 parce que le scénario reste néanmoins parfois un peu bancal, nous avons le droit à un grand nombre de "coïncidences au service du scénario", c'est le problème quand on essaye de croiser plusieurs trames évoluant en même temps. Pour ne donner qu'un exemple qui ne spoile rien : pourquoi cet enfant joue-t-il dehors dans la neige si c'est pour jouer avec des figurines ?
Certaines répliques notamment entre les 2 filles et leur père ou entre Dana et Ibrahim sont extrêmement forcées, on va parfois jusqu'à narrer un événement passé à un personnage qui en a connaissance.
Au final, Revival ce n'est pas des illustrations grandioses ou un concept grandiose, c'est une histoire banale que quelques détails rendent unique.