(cette critique se veut être une suite thématique de cette précédente critique sur Phénix, l'Oiseau de Feu d'Osamu Tezuka)
Naoki Urasawa, en voilà un gros morceau. Créateur au début plus tranche de vie avec des récits comme Yawara, Master Keaton ou encore Happy, il est surtout connu par chez nous pour sa 2e période: à savoir le thriller se déroulant sur des périodes plus ou moins longues. Après avoir tout défoncé avec Monster, 20th century boys ou encore Pluto, une relecture folle d'une célèbre histoire d'Astro Boy à mi-chemin entre Monster et Watchmen, il a sorti une histoire, sa plus folle, sa plus grande et probablement son chef-d'œuvre avec Monster: Billy Bat.
Kevin Yamagata, un dessinateur de Comics dans les années 50 qui découvre que son personnage, Billy Bat, une chauve-souris anthropomorphique a mi chemin entre Dick Tracy et un cartoon de Chuck Jones, va découvrir qu'il à involontairement plagié un manga qui utilise le même personnage. Se rendant sur place, il va se retrouver embarqué dans une histoire de complot concernant la chauve-souris. Qui est Billy Bat? Que veut-il? D'où vient-il? Se pourrait-il qu'il agisse dans l'ombre afin de diriger l'humanité ? Voilà les questions principales concernant ce manga... en très très TRÈS grossièrement résumé.
Bien, ceci étant installé: commençons! Comme pour Phénix, on s'intéresse à l'humanité, mais pas de la même manière, car bien qu'on traverse le temps de manière non linéaire, cette fois-ci on s'intéresse à notre histoire. Récit d'Urasawa oblige, et ce, sans parler du fait qu'il est accompagné de Takashi Nagasaki, déjà coscénariste pour 20th century boys, on navigue franco dans le complot, mais surtout dans une intrigue complexe avec des personnages de fictions qui rencontre des événements et personnage réel de notre réalité.
Tous les plus grands complots de notre époque moderne y passent et un nombre très varié de personnages nous sont présentés. Vu que l'intrigue se passe sur TOUTE notre histoire, on voit des gens naitre, vieillir et mourir le tout dans une sorte de danse inconsciente à la fois tragique et humaniste où les destinées se mélange pour quelque chose de plus grand. Qui sommes-nous? Sommes-nous individuelles ou notre être dépend-il des autres et surtout la principale: qu'est-ce une idée et à quel point elle vient de nous? Pour parler un peu de l'histoire, Billy Bat apparait auprès de plusieurs personnes et leur demande de faire des choses pour lui afin de sauver l'histoire. Seulement, personne ne sait s'il s'agit de la chauve-souris blanche, symbole de "bien" et la noire, symbole de "mal" et vu que les deux sont identiques, il est difficile de savoir si les actes de Billy Bat sont positifs ou négatifs et surtout change selon la volonté de ses interlocuteurs.
Si vous avez suivi le premier épisode de cette grosse critique en deux parties, vous avez vu qu'Urasawa; en tant qu'énorme fan de Tezuka, à de toute évidence bien kiffé Phénix, mais il prouve qu'on peut s'inspirer, mais raconté des choses si proches et si différentes à la fois, un peu comme les deux faces d'une même pièce, tantôt dans l'ombre, tantôt dans la lumière au gré du mouvement de cette pièce. Hélas, ces deux œuvres sont bien trop riches pour tenir dans une critique se voulant sans spoils dans la mesure du possible.
Au final, pourquoi lié ces deux œuvres qui n'abordent pas forcément les mêmes choses ou du moins dans des manières très différentes? Que pouvons donc tiré de ce double portrait de notre chère humanité? Les années passent, mais le constat ne change pas vraiment, finalement. On tente de faire de notre mieux dans ce monde ou le bien et le mal sont flous et nul ne sait si tout cela ne se finira bien. Certains ne seront que de brefs outils pour Billy, d'autres y consacreront toutes leurs vies et leur naissance dépendra même des idées de Billy qui se mélangent avec celles de nos protagonistes, ils ne sont qu'un finalement. Finalement, les gens peuvent mourir, les civilisations êtres détruites et les cultures êtres ravagés de toute part: que cela soit un phénix ou une chauve-souris, l'œuvre d'un génie ou la votre, votre idée est là, elle restera.
Peut être qu'elle n'aura pas forcément autant d'impact que d'autres, mais je pense qu'une idée trouve toujours quelqu'un chez qui resonnait. Après tout, le message est peut être cela au travers de ces deux récits, peut être que le sens de la vie et de l'humanité se trouve dans la création d'idée que nos actes aussi infimes soient ils peuvent avoir de grands impacts ou au contraire, n'avoir de sens que pour nous ou nos proches. Comme pour Billy et le Phénix, nul ne sait vraiment leur finalité, leurs réelles intentions. Hormis qu'ils existent, hormis que les histoires existent et qu'on soit là pour qu'elles existent et nous permettent d'être qui ont est. C'est sur ces mots que je mets un terme à ce diptyque fascinant, mais la chauve-souris et le phénix, quant à eux, continueront pour moi.