Billy Wild : L'Intégrale par Sejy
Berné ! Abasourdi et chloroformé par l'impact visuel du tome un. La fascination spontanée pour un graphisme qui m'a choppé dès les premières pages et l'envoûtement d'un tempo insidieux, si lent, qui installait une ambiance délicieusement oppressante, mais finalement très artificielle. Il aura fallu le second tome pour me réveiller. La surprise évanouie, l'oeil apprivoisé, je prends douloureusement conscience que ce scénario ne me convient pas vraiment. Trop d'inconsistance, trop de vide à mon goût.
Le récit ne semble être qu'alibi futile au dessin. Ah, ça, c'est beau ! Terriblement beau. L'esthétique macabre s'exprime dans un clair obscur du plus bel effet. La ligne gothique, élancée et torturée s'épanche dans des visages acérés, taillés à la hache ou au scalpel, des corps difformes, des architectures sombres et impressionnantes. L'aisance affichée dans le rendu du mouvement et un sens du cadrage aiguisé exhortent un dynamisme, une cinétique quasi cinématographique. Conjugué à une narration qui tirait efficacement sur la corde du temps et une histoire aux zestes d'occultisme porteuse de promesses, le cocktail s'annonçait grisant. Las ! L'absence rédhibitoire de psychologie chez les protagonistes, la gestation de bonnes idées globalement peu exploitées et une trame pas assez fouillée concourent à un gâchis qui se révèle quand le métronome accélère, que l'on glisse crescendo vers une surenchère de duels spectaculaires, d'affrontements sanguinolents, des prétextes à une mise en scène grandiloquente qui semble vouloir en mettre plein la vue et camoufler un récit qui n'a plus grand-chose à raconter.
Et puis est-ce vraiment un western ? Je ne fais pas allusion à la composante ésotérico fantastique qui instaurerait, d'ailleurs, une pseudo-originalité plutôt salvatrice. Où sont donc les éléments qui définissent le genre, qui alimentent l'attrait pour ce plaisir régressif, cette retombée en enfance, réminiscence d'une époque bénie où les films débutaient à 20 h 30 et les dimanches soirs nous abreuvaient d'épopées du Grand-Ouest. Les sublimes noir et blanc de Monsieur Ford, et, plus tard, les savoureux spaghettis à la mode Léone. Les justiciers ombrageux, les durs, les vrais, les chevauchées épiques, les ruées vers l'or, les saloons enfumés, les grands espaces, la poussière, la fumée, etc.... Le cadre, ici, ne semble être qu'un subterfuge pour s'offrir un terrain de jeu mythique et sauvage qui légitimerait ce déversement de brutalité et de violence, ce concours de sales trognes et ce kid killer si prolifique. On transposerait cette fiction à l'époque victorienne, dans un décor de science-fiction, ou que sais-je encore, que ça ne choquerait pas plus que ça.
Sévère ? Surement. Mais je suis excessivement déçu et frustré par le deuxième opus. Je ressentais tellement de potentiel. Parti sur les bases d'un huit j'arrive finalement à un généreux cinq étoiles.
À admirer ! ... À lire ???