« Chaque fois qu'une lumière brûle deux fois plus, elle brille deux fois moins longtemps. Et vous avez brûlé on ne peut plus brillamment, Ryoga. » Cette paraphrase d’Eldon Tyrell m’a semblé on ne peut plus adapter pour parler de Black-Box, dont le dernier tome est paru il y a peu en VF (Julien Favereau assure la traduction/adaptation).
Si T. Matsumoto avait déjà cassé quelques codes avec Zero, T. Takahashi a lui aussi posé sa patte sur le monde de la boxe avec ce titre. Un jeune boxeur qui frappe pour tuer, soupçonné de meurtre, mal aimé dans la presse, mais qui continue d’avancer à coups de poings. Le titre mondial en ligne de mire. Un rival qui se présente. Un combat pour décider qui sera le roi…
On se sent en territoire connu. Que ce soit dans le graphisme, le découpage, le scénario, l’aura de l’auteur de Sidooh et Bakuon Retto se fait sentir. Et on craint un instant d’avoir encore droit à un récit où la force de la volonté fait des miracles et permet de triompher de toutes les épreuves et mauvaises langues. Le contre-pied n’en est que plus efficace.
Le tome 6 vient en effet battre en brèche ce que l’on pouvait espérer. Est-ce que l’auteur avait prévu cela dès le départ ou la série s’est arrêtée précipitamment ? Je ne sais pas. Mais Black-Box nous offre un final à lui, un hymne à la boxe, où les étoiles qui brillent trop fort trop vite ne sont pas éternelles, où repousser les limites permet de donner du baume au cœur à autrui et où la recherche d’un titre finit par être une malédiction qui empêche de se battre pour soi.
Et si la boxe c’était d’abord la bagarre avant de penser à la victoire ? Un espace où la stratégie a tout autant sa place que la force de frappe ? Penser comme un boxeur et non comme un promoteur ? Voilà peut-être une des grandes leçons de Black-Box. Un titre qui pourrait se résumer par un paradoxe apparent : Tout est écrit mais tout reste à écrire.