Le prix de la vie
De dix millions de yen à près de cent cinquante: tel est le prix auquel Black Jack, chirurgien de génie exerçant dans la plus totale illégalité, consent à sauver des vies. De prime abord froid et...
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le 26 nov. 2012
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Avec Black Jack (1973), Osamu Tezuka met sa blouse blanche pour nous livrer une série médicale aussi dramatique qu’extravagante. Ce manga culte, porté par un héros aussi génial qu’anticonformiste, mélange éthique médicale, suspense, et une bonne dose de WTF scientifique. C’est un peu Urgences qui aurait croisé Frankenstein, le tout sur fond de réflexions philosophiques avec une pincée de chaos.
Le héros, Black Jack, est un chirurgien clandestin doté de compétences qui feraient rougir les plus grands professeurs de médecine. Mais attention, il n’est pas là pour sauver tout le monde : ses services coûtent une fortune, et il choisit ses patients avec un mélange de pragmatisme et de caprices moraux. Entre son visage partiellement reconstruit et son aura de mystère, Black Jack est l’archétype du héros à la fois fascinant et insaisissable. Il opère dans des situations extrêmes, affrontant des maladies improbables, des patients odieux, et des dilemmes éthiques qui remettent en question la définition même de la médecine.
Chaque chapitre est une histoire autonome où Black Jack jongle entre des cas médicaux qui défient la science et des intrigues humaines qui tapent souvent en plein cœur. Les patients ne sont jamais juste des malades : ils incarnent des travers, des peurs, et des vérités universelles. Et, bien sûr, Black Jack lui-même n’est pas un simple médecin : c’est un personnage qui se pose en juge et en sauveur, mais aussi parfois en bourreau, selon ses propres règles.
Visuellement, Tezuka brille comme toujours. Le style classique de ses personnages, aux traits parfois caricaturaux, contraste avec la précision et l’intensité des scènes médicales. Les moments de chirurgie, dessinés avec un détail quasi clinique, tranchent (sans mauvais jeu de mots) avec les expressions exagérées des personnages secondaires, ajoutant une dynamique unique. Les décors oscillent entre réalisme minimaliste et ambiance dramatique, renforçant la tension de chaque situation.
Narrativement, Black Jack jongle habilement entre science-fiction, drame, et satire sociale. Tezuka utilise le cadre médical pour explorer des thématiques profondes : l’humanité face à la mort, les limites de la science, la valeur de la vie, et le rôle de la médecine dans une société souvent égoïste. Mais ne vous attendez pas à des réponses faciles : Black Jack opère autant dans les zones grises que sur des corps humains, laissant souvent le lecteur face à des questions ouvertes.
Cependant, le format épisodique peut parfois donner un sentiment de répétition. Chaque chapitre suit une structure similaire : une situation désespérée, une intervention miraculeuse, et une conclusion souvent teintée de mélancolie ou d’ironie. Bien que chaque histoire soit captivante en soi, on peut ressentir une certaine redondance si l’on enchaîne trop vite les épisodes.
Malgré cela, Black Jack reste une œuvre fascinante, portée par un héros complexe et des récits qui oscillent entre le brillant et l’absurde. C’est Tezuka dans toute sa splendeur : à la fois profondément humain et délicieusement exagéré.
En résumé, Black Jack est une série qui découpe la condition humaine avec autant de précision qu’un scalpel bien aiguisé. Osamu Tezuka prouve une fois de plus qu’il peut transformer n’importe quel sujet – même la médecine clandestine – en une réflexion passionnante sur la vie, la mort, et tout ce qu’il y a entre les deux. Une lecture captivante, à condition d’être prêt à suivre un médecin qui ne connaît aucune règle… sauf les siennes.
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il y a 4 jours
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