Déçue
C'est superbe, habilement découpé et on aurait envie d'encadrer certaines cases. La narration file à un train d'enfer, sans être trop linéaire grâce à de constants changements de point de...
Par
le 3 févr. 2014
17 j'aime
Black Rock, premier tome de Tyler Cross, c’est un peu comme un western spaghetti qui aurait bu trop de whisky et s’est perdu dans un polar noir. Fabien Nury et Brüno livrent une bande dessinée à l’ambiance suffocante, portée par un anti-héros aussi charismatique qu’impitoyable, et un décor où même les cactus semblent vouloir ta mort.
L’histoire nous plonge dans une Amérique des années 50 crasseuse et implacable. Tyler Cross, braqueur cynique et méthodique, débarque dans une petite ville du Texas nommée Black Rock, où tout le monde a l’air de cacher un flingue sous la table du dîner. Ce qui commence comme une histoire de magot volé se transforme rapidement en une partie d’échecs sanglante entre Cross et une bande de rednecks mafieux. Autant dire que la tension ne baisse jamais.
Visuellement, Brüno impose un style unique : des lignes épurées, des couleurs criardes mais maîtrisées, et une composition millimétrée. Chaque case est une leçon de narration graphique, oscillant entre le dépouillé et l’intense. Le choix de palettes audacieuses – avec des rouges sang et des jaunes poussiéreux – contribue à rendre l’ambiance oppressante et rétro à souhait. C’est du polar pur jus, mais avec une esthétique qui frôle l’arty sans jamais perdre son mordant.
Fabien Nury, de son côté, signe un scénario qui sent la poudre et la sueur. Les dialogues claquent comme des coups de feu, et chaque personnage, même le plus secondaire, respire la noirceur et la duplicité. Tyler Cross lui-même est un monument de froideur et de pragmatisme. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il agit, c’est avec une efficacité terrifiante. Pas de fioritures, juste une violence brutale et calculée.
Le récit, bien que jouissif, ne réinvente pas la roue du polar noir. Les ficelles du genre sont respectées presque religieusement, ce qui pourrait décevoir ceux qui espèrent des twists plus surprenants. Mais la force de Black Rock, c’est justement de sublimer ces clichés avec une exécution impeccable et une ambiance qui te prend à la gorge.
En résumé : Black Rock est un pur concentré de polar nerveux, où chaque page sent la poussière, le sang, et la fatalité. Une plongée brutale et stylisée dans l’Amérique des gangsters, portée par un duo créatif au sommet de son art. Tyler Cross ne fait pas de cadeaux, et cette BD non plus. Prépare-toi à souffrir… mais avec classe.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures BD de 2013
Créée
le 25 nov. 2024
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur Black Rock - Tyler Cross, tome 1
C'est superbe, habilement découpé et on aurait envie d'encadrer certaines cases. La narration file à un train d'enfer, sans être trop linéaire grâce à de constants changements de point de...
Par
le 3 févr. 2014
17 j'aime
Profondément inculte en matière de BD franco-belge, c'est avec une grand envie que je me plonge dans Tyler Cross, récit accompagné d'une réputation plus que flatteuse. Le sous-titre marketing donne...
Par
le 16 févr. 2014
16 j'aime
4
Un hommage remarquable au polar américain des années 50 ! Décidément, l'association Nury / Brüno produit des étincelles après le déjà mythique "Atar Gull" ! Je le recommande vivement aux lecteurs de...
Par
le 24 août 2013
16 j'aime
8
Du même critique
Avec Tintin au Tibet (1960), Hergé délaisse les complots internationaux et les méchants moustachus pour offrir une aventure profondément humaine et émouvante. Ici, pas de gangsters ni de trésors...
le 20 déc. 2024
3 j'aime
7
My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...
le 19 nov. 2024
3 j'aime
9
Avec Astérix le Gaulois (1961), René Goscinny et Albert Uderzo posent les bases d’une saga légendaire, où les baffes volent aussi vite que les sangliers passent à la broche. Ce premier opus, bien que...
le 20 déc. 2024
2 j'aime