Bleach est aujourd’hui un des manga les plus connus, un peu normal quand on sort du Jump et qu’on compte plus de 40 tomes publiés en France. Le titre propose il faut dire un univers assez accrocheur, mélangeant Japon contemporain, Dieux de la Mort aux allures de samouraïs, quelques notes graphiques légèrement rétro, et utilisation de noms à consonance hispanique, ce-dernier point apportant un surplus d’identité qui peut sembler superflu mais qui donne un certain cachet.
La série commence un peu comme Shaman King, notre héros allant devoir utiliser ses pouvoirs pour régler des problèmes du quotidien, ici en affrontant des monstres appelés Hollow. Il en profitera pour se faire de nouveaux amis, renforcer ses liens avec eux, certains deviendront de puissants alliés, et il rencontrera aussi un inévitable rival qui rejoindra par la suite les rangs de ses compagnons d’arme. Une entame classique, pas désagréable à suivre, mais qui manque clairement d’envergure.
Un véritable scénario s’installe avec l’arc de la Soul Society, qui s’avèrera le meilleur passage du manga ; ce qui posera plus tard problème, puisque la série continuera bien après la fin de cet arc, sans jamais proposer quelque chose d’au moins aussi attrayant. Le mangaka va imaginer des personnages toujours plus puissants, dont certains particulièrement charismatiques – les chefs des 13 Divisions de Shinigami sont des modèles du genre – et ne va pas se contenter d’envoyer ses héros les castagner les uns après les autres, mais va introduire un véritable complot, des retournements de situations, des alliances nouvelles autant qu’inattendues, bref ça bouge, il y a de l’action, cela se lit d’une traite tant le résultat est prenant.
L’auteur va néanmoins sacrifier au principe typique du shônen de l’augmentation de niveau, et le héros ne cessera de s’améliorer, et de s’apercevoir que des personnes qu’il a battu par le passé avaient en réalité atteint ce stade depuis des lustres, et auraient pu l’anéantir en un coup…
C’est après que cela se gâte. Nous tombons dans une histoire aux enjeux plus extrêmes, mais au schéma aussi beaucoup plus basique. La suite ne sera finalement qu’un long combat contre des adversaires toujours plus forts, sans grande finesse. Pire, l’intérêt ne survit pas toujours au retrait des personnages apparus dans l’arc de la Soul Society, dont certains se montrent beaucoup plus intéressants que les principaux protagonistes ; si bien que le retour de l’un d’eux peut sonner comme une facilité de la part de l’auteur, mais d’un autre côté fait toujours hyper plaisir.
Malheureusement, Bleach perd presque tout son charme quand chacun ses combats commence à durer aussi longtemps qu’une finale de championnat dans Captain Tsubasa, à force de retournements de situation sans impacts. Le titre tombe dans tous les excès et tous les défauts des héritiers les plus basiques de Dragon Ball, et autant dire qu’à partir de là ce manga ne vaut même plus le prix du papier sur lequel il est imprimé.
Bleach fût un bon manga à défaut d’être exceptionnel, mais il aurait fallu que l’éditeur et l’auteur sachent quand s’arrêter, au lieu de se lancer dans des combats à rallonge. Un nouvel exemple éloquent d’échec de la part de nos amis de la Shueisha, après Shaman King et Death Note ; sauf pour les lecteurs qui auront la présence d’esprit d’arrêter les frais après l’arc de la Soul Society, qui lui mérite vraiment le détour.
Pour ma part, j’ai abandonné au tome 48, et si je n’avais lâcher l’affaire plus tôt, c’est uniquement car je voulais m’arrêter à la fin d’un arc. Une fin d’arc qui en l’occurrence me satisfait en tant que fin de manga, l’histoire aurait pu se terminer là.