Une uchronie. ça faisait longtemps, tiens ! Surtout sur la période clef, 39-45, qui alimente/a alimenté/alimentera encore longtemps les fantasmes des auteurs, avec le sempiternel : mais si ça ne s'était pas déroulé comme ça ? Si Hitler était mort en 39 ? Si les russes avaient gagné ? Si la ligne Maginot avait servi à quelque chose ? Et si ? et si, et si.... Exercice ô combien prenant qui titille à chaque fois la curiosité du lecteur.
Ici l'uchronie proposée va très loin et, autant le dire tout de suite, est complètement ubuesque.
Soit. Les auteurs sont bien de notre temps par contre, car j'ai rarement vu un ouvrage si inspiré par les jeux video. On retrouvera tout ici, wolfenstein, stalker, metro 2036... Alors si vous avez aimé ces ambiances videoludiques-ci, il est à parier que Block 109 vous fera passer un excellent moment.
Le scénario est tout de même bien fichu, le découpage assez malin qui permet de faire croire à l'esbrouffe assez longtemps sans s'en douter, mais la "morale" de l'ensemble très nihiliste pourra par contre faire tiquer, même si elle s'avère séduisante au premier abord, tellement elle est simpliste.
Le dessin est assez beau dans ses tonalités grisâtres, avec des pointes de couleurs savamment diluées. Par contre il manque de précision par moment au niveau des personnages, souvent réduits à l'état de silhouette, ce qui vous fera poser la fréquente question : Mais bon sang, qui est-ce qui parle là ? Les personnages ne sont pas très attachants, hélas, et on a du mal a s'intérresser à l'équipe que l'on va suivre composée, pourtant savamment, de personnalités bien différenciées et trop caricaturales : encore un héritage du jeu video.
Reste un univers assez intéressant, un rythme assez soutenu où on ne s'ennuie pas, et une envie de découvrir l'épilogue très malin qui vous fera lire cette BD d'une seule traite ce qui vous amènera avec plaisir au beau milieu de la nuit.