Un shonen sang pour sang vampires
Bloody Cross est un manga... qui se cherche. Ce constat saute aux yeux dès la lecture du premier tome, qui nous offre une longue introduction sous la forme d'une histoire courte publiée, comme souvent au Japon, avant le lancement de la série officielle. Cette première histoire se fait alors le coup d'envoi d'un enchaînement de chapitres qui semblent se suivre sans pour autant se ressembler, pour le meilleur et (pas souvent, heureusement) pour le pire.
La série débute avec Tsukimiya et Hinata, deux héros maudits, liés par une même quête vers un hypothétique salut. Rapidement expédiée, cette partie du scénario est suivie des pérégrinations de l'ange Tsuzuki et de son « laquais », à la recherche de différentes reliques censées aider l'un d'eux à succéder à Dieu (rien que ça). Les seconds seront ensuite aidés bon gré, mal gré par les premiers alors qu'un ange déchu du nom de Satsuki et qu'une étrange organisation tentent également de leur mettre des bâtons dans les roues. Ainsi, ce qui semble être la quête principale du manga (la guérison de Tsukimiya et Hinata) prend alors fin à une rapidité déconcertante, et un nouvel arc (si on peut vraiment appeler cela comme ça) débute dès le milieu du tome 2.
Vous l'aurez donc compris : Bloody Cross part un peu dans tous les sens. Mais le plaisir de sa lecture n'est en rien entachée par ce qui semble tout simplement être... un gros bordel. On se plaît à suivre la relation amitié (amour?)/haine que se vouent les personnages principaux et on adhère vite à la fausse légèreté de leur « patron » Tsuzuki, qui demeure par ailleurs l'un des personnages les plus attachants et le principal élément comique du manga.
Bloody Cross fait également office de shonen relativement mature d'une part en raison de la violence graphique qui parsème ses pages à quelques endroits stratégiques, mais également grâce au personnage de Tsukimiya qui n'hésite pas à user et abuser de ses charmes pour atteindre ses objectifs. Certes, les scènes de fan service sont légion dans d'autres œuvres populaires, mais rarement on aura vu les deux personnages principaux se peloter allègrement dès les premiers tomes d'une série. Des scènes qui semblent pleinement assumées par l'auteure, et qui ne sont que rarement gratuites.
On regrettera cependant que l'univers dans lequel évolue les personnages ainsi que leur passé ne soit qu'à peine effleuré alors que ces derniers semblent beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraît. On ne saura par exemple rien de l'origine de Hinata et Tsukimiya, censés être engagés par quelqu'un (quelque chose?) pour mener à bien leurs missions. De même, les héros sont semble-t-il issues d'unions illégitimes entre un ange et un démon. Qu'en est-il réellement ? L'auteur passe en effet de l'un à l'autre des personnages sans que l'on ait forcément eu le temps de bien les apprécier. Dommage. Espérons que la suite de la série s'attarde légèrement sur les faces cachées de ces héros que l'on déjà eu le temps d'apprécier.
Le graphisme de Shiwo Kameyama est plus qu'agréable à l'œil, même si maladroit par endroit. Les scènes d'actions sont puissantes et rondement menées, même si son trait relativement épuré et féminin nous propose des personnages masculins très bishonen.
Beaucoup de bonnes choses dans ces deux premiers tomes de Bloody Cross. On attend donc avec impatience la suite des aventures de ces anges et de ces démons pas si classiques que ça.