C'est fou non ? Quasiment 30 tomes à son actif, et ce manga continue à faire son bout de chemin dans le silence le plus total. Commencé en 2009, obtenant sa première (et fastidieuse) adaptation en anime en 2011 et même un (excellent) film en 2012, qui en 2021 a déjà entendu parler de Blue exorcist ? Parce que après tout, de nos jours ça vaut quoi Blue exorcist au juste ?
Rin Okumura, fils du père Fujimoto, apprend du jour au lendemain l'existence des démons, qui prennent possession des humains et vivent dans une dimension parallèle à la nôtre, la Géhenne. Pas de bol, il apprend dans la foulée qu'il est le fils du plus puissant d'entre eux, Satan lui même. Rin va donc intégrer une école d'exorcistes pour maîtriser ses pouvoir et essayer d'atteindre son tout nouveau but, vaincre Satan.
BON, vous l'aurez compris, on est en face d'un shônen nekketsu qui paraît des plus classique au premier abord. Des chasseurs d'esprits et de démons, on en a déjà vu, et pas qu'une fois, ne serait-ce que dans Bleach ou Shaman King ! Alors comment Blue exorcist se démarque-t-il de ses prédécesseurs ?
Eh bien dans ses deux trois premiers tomes, Blue exorcist reste dans ce qu'il y a de plus banal, rien de vraiment transcendant pour tout vous dire. C'est même tout ce qu'il y a de plus clichés, mais ça nous y reviendront plus tard.
Comment Blue exorcist se démarque disais-je ? Tout d'abord ses personnages, au premiers abords très classiques, Kazue Kato a su nous surprendre à travers leur développement. Rin par exemple, il a tout l'air d'un héro classique n'est pas ? On pourrait s'attendre au schéma ordinaire, un héro faible au départ, qui vainc tout ses ennemis à travers plusieurs power up en tout genre... mais non. Rin c'est un héro qui échoue, et pas qu'un peu. Mais notre cher Rin est aussi entouré d'une belle troupe de bras cassés, parce que ce qui fait le force du manga, c'est le groupe.
En effet, Blue exorcist nous présente dès l'intégration de Rin Okumura à son école la petite tripotée de personnages secondaire qui entourera notre héro. Yukio, frère jumeaux de Rin mais aussi professeur, Ryûji, le colérique studieux, Renzo, le glandeur et comic relief de service, Konekomaru, l'intello chauve, Shiemi, l'amoureuse des plantes et Izumo, la reloue mais pas trop. Tout les ingrédients classique pour un petit groupe dysfonctionnel nekketsuesque. Vous l'aurez compris, on nage dans le cliché, mais ce point, je l'aborderais quand l'on parlera du scénario.
Niveau dessin et mise en page, Blue exorcist sait clairement comment faire plaisir aux yeux. Assez classique dans ses premiers chapitres, Kazue Kato arrive très rapidement à se créer son style et son univers. Le chara design est assez simple il est vrai, ça se passe souvent dans le cadre scolaire, donc nos personnages sont souvent en uniforme, même si tout ça change dans les tomes les plus récents. Le découpage lui est très maîtrisé. Kazue Kato n'a pas pour volonté de révolutionner le genre, mais pour autant elle en maîtrise parfaitement les codes et sait clairement s'en servir. D'ailleurs et parlant de maîtrise des codes, il est temps de passer au scénario.
Si l'on s'en tient à un plan complétement théorique, Blue exorcist c'est My Hero Academia avant l'heure. Les codes du Nekketsu sont là, bien présent, bien ancrés. Phase d'école, évènement extraordinaire, les méchants sont là, phase d'école, évènement extraordinaire, ... Un schéma des plus classiques. On a aussi le droit à certain clichés des school life, le festival culturel, les exams etc. Mais allons plus en profondeur dans l'histoire.
Après son integration en école, Rin va vite rencontrer ses camarades et l'on va voir un groupe se dessiner. Ils vont affronter ensemble leur premier examen dans un dortoir. Et on va très vite voir un des points clefs du manga se mettre en oeuvre, Rin est le fils de Satan. Alors oui, ça on le savait déjà avant, mais le fils de Satan qui devient exorciste, c'est comme le porcelet qui devient boucher. SI les autres apprennent qu'il est le fils de Satan, que va-t-il se passer, vont-ils le craindre, le haïr ? Autre problème, dès lors qu'il sort son sabre de son fourreau, Rin recouvre entièrement sa forme démoniaque, dents acérées, Oreilles pointues, ongles griffus et surtout, des flammes bleues, caractéristiques de Satan et sa progéniture, parcourent son corps. Pour se battre Rin ne peut donc pas sortir son sabre en présence de ses camarades. C'est là tout son dilemme, mais aussi source de remise en question. Si il est le fils de Satan, pourquoi Fujimoto l'a traité comme son fils ? A-t-il été élevé dans le seul but d'être une arme ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'il meurt ? Et si un jour il se déchaîne et qu'il s'attaque et ses camarades ? C'est à ces problématiques que va répondre ce manga.
Mais je parlais de clichés auparavant, le mot revient plusieurs fois dans la critique. Alors oui, Blue exorcist c'est rempli de cliché, les amourettes d'adolescents, le pouvoir de l'amitié (très vite fait quand même) tout ça tout ça. Mais j'ai une question à vous poser, est ce que c'est mal les clichés ? Se servir des codes déjà existant afin de raconter sa propre histoire, c'est mal ? Je dis ça parce que j'ai vu beaucoup de gens reprocher ça au manga dans les autres critiques. Les clichés, si on regarde le sens au delà du terme péjoratif, ce ne sont que des schémas narratifs. Et Kazue Kato se sert ici de ses schéma pour créer son histoire, une histoire d'introspection de soi, de regrets, de mensonges, de pardons, de famille mais aussi de complot mondial, de démons, de voyage dans le temps... Bref passons à la conclusion.
Alors au final, Blue exorcist en 2021, ça vaut quoi ? Pour dire ça de manière objective, c'est un très bon Shônen Nekketsu encore en cours. Pour être purement subjectif, c'est un des meilleurs manga disponible actuellement. Un univers riche (L'auteur cache même des schémas, graphique et textes explicatifs de l'univers sous les couvertures), des personnages attachants, un scénario certes classique dans son ensemble, mais bordel qu'est ce qu'on prend de plaisir à le suivre. Je n'ai évidemment pas parlé de tout dans cette critique, j'ai occulté certain point du scénario volontairement afin de ne pas spoiler d'éventuels futurs lecteurs !
Vous l'aurez compris, je vous recommande vivement Blue Exorcist, achetez les cinq premiers tomes qui selon moi suffiront pleinement à vous donner le ton et à vous forger un avis sur si vous voulez le suivre ou non.
(Le manga est actuellement en pause au tome 27, l'autrice travaillant sur un autre projet jusqu'à avril 2022, il ne faut donc pas compter avoir un autre tome avant la fin 2022)