Les Vieux Fourneaux fait partie des séries phares de la bande dessinée actuelle. Chaque nouvelle parution des aventures de ces p’tits vieux à forte personnalité est un succès en librairie. Le dernier opus en date, Bons pour l’asile, n’échappe à la règle. Je fais partie des afficionados de ce trio de choc depuis des années. Je suis tombé sous le charme d’Antoine, Mimile et Pierrot dès notre première rencontre. Ils sont à la fois drôles et touchants. Leurs personnalités rendent la lecture haute en couleur ! La couverture du dernier album éveillait la curiosité : Pierrot qui jette de l’argent dans la rue, Antoine qui jour avec des peluches et Mimile qui danse avec un collier de fleurs autour du cou… Tout un programme…
Nos trois loustics septuagénaires vivent des pérégrinations indépendantes dans ce tome. Pierrot, suite à un acte révolutionnaire original, se retrouve en garde à vue. Le hasard de la vie fait qu’à cette occasion il croise la route d’une gardienne de la paix pas comme les autres. II s’agit de « Patate », jeune femme qu’il avait connu adolescente alors qu’il était éducateur en banlieue. Comment Pierrot va-t-il faire cohabiter l’affection qu’il portait pour cette enfant en souffrance et le rejet naturel que son cœur qu’anarchiste lui fait ressentir à l’égard de tout porteur d’uniforme ?
De son côté, Antoine se voit obligé de partager la journée avec son fils avec lequel il n’est plus en relation depuis des années. Leur cohabitation est imposée par le fait qu’ils se sont vus confier conjointement la garde de la petite dernière de la famille. Les retrouvailles sont tendues. A priori, nous aurons bien du mal à trouver quelques grammes de douceurs dans le monde de ces deux « brutes » …
Enfin, Mimile est de passage à la capitale pour assister au match de rugby opposant la France et l’Australie. Ce grand fan du ballon ovale voyait l’occasion de renouer avec la culture océanique qu’il avait découvert lors de ses aventures autour du monde vécues durant ses jeunes années. Néanmoins, la confrontation avec une réalité économique et écologique très rude changera le regard du sympathique senior sur cet événement sportif festif.
Je dois bien dire que la mise en place de ces trois intrigues a rapidement chatouillé mes muscles zygomatiques. Rien que d’imaginer le potentiel humoristique des situations dans lesquelles sont immergées les trois héros rendait la lecture passionnante et distrayante. Soyez rassurés, le résultat s’avère être à la hauteur des attentes. Chaque nouvelle page fait naître de nouveaux rires. Je me suis vraiment éclaté à suivre les pas de ces « vieux » pas comme les autres.
Le fait de naviguer en permanence entre Pierrot, Antoine et Mimile offre une densité narrative à l’ensemble. L’histoire ne souffre d’aucun temps mort et c’est particulièrement appréciable. Les scènes s’enchainent à un rythme soutenu ne cessant jamais d’attiser le foyer de notre plaisir. Cette richesse scénaristique fait exister une jolie galerie de personnages secondaires. Malgré le charisme et la personnalité des trois héros, l’intrigue arrive à nous faire rencontrer d’autres protagonistes fort sympathiques. Ce casting « de l’ombre » grâce à sa qualité et à sa diversité joue pleinement son rôle dans le bonheur né de la lecture de cet album.
Néanmoins, l’essentiel des « punch line » est extrait des interventions toujours colorées des trois copains. Entre leurs diatribes révolutionnaires, leurs analyses imagées de la société ou leurs moments de colère, les phrases cultes et hilarantes ne manquent pas ! La qualité des dialogues écrits par Wilfried Lupano est remarquable. Chaque bulle contient un petit bijou d’écriture potentiellement à l’origine d’un fou rire. Cette opulence de bonne humeur ne cesse jamais d’alimenter chaque planche sans que jamais évidemment l’indigestion ne nous guette. On ne cesse jamais dans redemander !
Le dernier aspect de cet album à évoquer est le travail d’illustrateur de Paul Cauuet. Une nouvelle fois il sublime le scénario de Lupano. La capacité du dessinateur à offrir une vie aux personnages donnent une ampleur supplémentaire à la joie que j’ai eu à retrouver tout ce petit monde. Son souci du détail et son talent pour faire exister une grande variété de sentiments font de cet album un petit bijou graphique.
Pour conclure, vous l’aurez compris, j’ai adoré ***Bons pour l’asile***, cinquième opus des ***Vieux Fourneaux***. Une nouvelle fois, j’ai refermé le livre en me disant que j’avais de les retrouver pour découvrir la suite de leurs aventures. Le temps passe mais elles sont toujours aussi passionnantes !