Avec Boruto : Naruto Next Generations (2016), Masashi Kishimoto et Mikio Ikemoto tentent de prolonger l’aventure du ninja blondinet le plus célèbre du manga en passant le flambeau à son fils, Boruto. Malheureusement, ce nouvel opus donne souvent l’impression d’être une copie fatiguée et sous-alimentée de l’original, où le village caché de la feuille devient le théâtre d’intrigues qui peinent à captiver. Le résultat ? Un ninja maladroit qui trébuche sur les traces de son père.
Boruto Uzumaki, le protagoniste, incarne parfaitement le syndrome "fils de". Rebelle, mais sans profondeur réelle, il passe plus de temps à râler contre l’héritage de son père qu’à construire sa propre identité. Là où Naruto était un orphelin marginalisé avec un rêve fou, Boruto ressemble davantage à un adolescent privilégié qui boude parce que le Wi-Fi ne marche pas dans la maison Hokage. L’attachement au personnage principal est difficile, tant ses motivations semblent pâles en comparaison de celles de son père.
Les personnages secondaires, bien que sympathiques sur le papier, manquent également de la flamme qui rendait les figures du Naruto original si mémorables. Sarada, fille de Sasuke et Sakura, essaie d’apporter un peu de sérieux, mais se heurte à un manque de développement. Mitsuki, avec son héritage Orochimaru-esque, est intriguant mais sous-exploité. Quant à Naruto et Sasuke eux-mêmes, leurs apparitions oscillent entre caméos gênants et rappels douloureux de ce que Boruto n’est pas.
Visuellement, Mikio Ikemoto livre des dessins compétents mais sans éclat. Le style, bien que propre, manque de l’intensité et de la personnalité qui caractérisaient les planches de Kishimoto. Les scènes d’action, autrefois le point fort de Naruto, peinent à retrouver leur fluidité et leur inventivité. Même les combats mythiques contre des Otsutsuki intergalactiques finissent par ressembler à une explosion d’effets visuels sans substance.
Narrativement, Boruto a du mal à trouver sa place. L’intrigue semble constamment hésiter entre nostalgie maladroite et innovation forcée. Les arcs narratifs s’enchaînent sans réel impact, et les enjeux manquent de la profondeur émotionnelle et du souffle épique qui faisaient la grandeur de Naruto. Les nouvelles technologies ninja, censées moderniser l’univers, tombent souvent à plat, comme des gadgets inutiles qui diluent l’essence même du monde des shinobis.
L’humour, autrefois un ingrédient clé du charme de Naruto, se réduit ici à des situations prévisibles et des interactions tièdes. Les tentatives de recréer la dynamique des "équipiers" ne parviennent pas à capturer la camaraderie et la tension qui animaient l’équipe 7.
En résumé, Boruto : Naruto Next Generations est un manga qui, malgré de bonnes intentions, peine à se hisser à la hauteur de son prédécesseur. Avec un protagoniste fade, une intrigue sans souffle, et un visuel qui manque d’âme, cette suite ressemble plus à une ombre qu’à un héritier légitime. Un shōnen qui court après la gloire passée, mais qui finit par trébucher dans le fossé du "pas indispensable".