De ma petite expérience dans la lecture de la bande dessinée, je n’avais jamais repéré le nom ou le trait de Jak, malgré quelques lectures de revues où il avait posé ses papattes : Censuré ou Fluide Glacial notamment.

Si le dessinateur n’est guère connu aujourd’hui, il travaille généralement pour des commandes d’institutions, il a tout de même sorti quelques albums, notamment pour un jeune public.

Robinson a ainsi été édité entre 2003 et 2010 chez l’éditeur petit à petit et se trouve être une agréable surprise que j’ai envie de mettre en avant. Les albums ne sont plus édités, mais les versions numériques sont toujours présentes sur Amazon. Une réedition de la centaine de pages existante ne serait pas une mauvaise idée (clin d’oeil pour toi l’éditeur).

Robinson est ainsi bien cette relecture du personnage de Robinson Crusoe, dans une approche un peu plus contemporaine. A notre époque, le naufragé sur l’île sauvage va faire la rencontre du paisible Vendredi. Tous deux ne se comprennent pas (l’un parle en lettres détachées, l’autre en lettres attachées, idée géniale) et Vendredi et la faune locale vont ainsi être les spectateurs et les commentateurs des efforts désespérés de Robinson pour retrouver la civilisation.

Ce qui fait tout le sel de cette bande dessinée est bien l’obstination de Robinson, insensible aux beautés de ce nouveau monde, homme de son temps qui ne veut pas couper le cordon avec le monde moderne et n’est pas prêt pour accepter la nouvelle vie plus apaisée qu’il lui est proposé. Il a son regard un peu condescendant, paternaliste, sur Vendredi et les animaux, sans comprendre qu’ils sont bien plus intelligents qu’il ne l’imagine, et même plus sages que lui.

C’est sa manière à lui pour ne pas perdre pied, de garder un lien avec son environnement passé, plutôt que de ne pas accepter les bienfaits et beautés de la nature. Avec quatre bouts de bois reliés en carré, il va ainsi créer une télévision qu’il placera dans les plus beaux paysages, avant de rouspéter que ce sont toujours les mêmes programmes qui passent. Il tentera même de transformer l’île selon son monde idéal et sa vision de l’homme émancipateur, créant par exemple un dispensaire, quitte à blesser Vendredi avant.

C’est donc la vision assez cynique (mais jamais trop) de ce Robinson des temps modernes qui offre les meilleures plaisanteries de ces albums, dans l’image de cet héros malgré lui, presqu’antipathique, insensible à ce qui se passe autour de lui. Et qui offrent une certaine vision du monde et de la civilisation tournées en dérision, agrémentée de quelques planches absurdes notamment sur les tentatives de sauvetage de Robinson, toujours malchanceuses. Quelques planches utilisent un humour plus naïf et plus inoffensif, parfois drôle mais moins marquant, qui fonctionnera mieux chez les plus jeunes têtes.

C’est donc l’ambivalence de la série qui mérite son attention, entre un premier degré plus enfantin et différentes couches qui offrent un regard amusé sur le monde d’aujourd’hui et qui pourra satisfaire les lecteurs plus âgés. Robinson avec ses personnages un peu ronds, ses animaux et ses couleurs vives se rapproche ainsi bien plus visuellement de la première catégorie, mais il ne faudrait pas s’arrêter à cet emballage pour autant. Il y a du Franquin dedans, un peu de Gaston, une bande dessinée jeunesse mais qui peut plaire à tous pour son commentaire sur le monde contemporain. Il y a pire comme référence.

SimplySmackkk
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le 27 juin 2023

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