Camille Claudel par Rawi

Cette bande dessinée raconte la vie et l'œuvre de l'une des plus grandes statuaires du siècle dernier.
Nous sommes en 1951 et à la veille de l'ouverture d'une exposition consacrée à celle morte 8 ans plus tôt, son frère Paul raconte...

Camille était belle, magnétique avec un caractère entier et volontaire.
En privilégiant un dessin rugueux et dérangeant, avec des coloris irréalistes, Vincent Gravé nous plonge dans l'époque !
Eric Liberge, au scénario ne juge rien ni personne et même s'il se montre un tantinet didactique, il donne envie d'approfondir la connaissance du personnage. Il se sert de lettres, d'écrits authentiques pour ponctuer son récit en flashback. Et c'est une bonne chose car on imagine que c'est le rôle principal d'une biographie.
Cette femme, qui n'a su se remettre des trahisons successives, celle de sa mère qui n'a jamais aimé son sens artistique et lui a toujours ouvertement préféré sa sœur, son frère en qui elle avait confiance et qui l'a abandonnée par lâcheté et égoïsme, son amant, Rodin qui l'a laissée se débarrasser de leur enfant parce qu'il avait un fils avec une autre et qui a manqué maintes fois à la parole donnée. Camille ne s'en est jamais remise.
Les humiliations successives quant à son talent, le refus des autorités de soutenir son travail... Tout cela l'a plongée et maintenue dans les marges, rendue aigre, méfiante outre mesure et l'a précipitée dans ce fameux asile dès 1913.

Camille est internée, comme folle alors que son père est mort et n'est plus là pour la soutenir.
Est-elle paranoïaque réellement ou est-ce seulement que cette âme ne supporte plus les coups du sort qu'elle subit, les trahisons multiples et la solitude forcée ?
Sa qualité de femme a joué contre elle toute sa carrière !
Dans ce monde, une femme ne pouvait être une statuaire de talent;
Que serait-il advenu de Camille à une autre époque moins sectaire ? Aurait-elle mieux vécue à notre époque soi-disant plus égalitaire ?
Questions rhétoriques auxquelles nous n'aurons jamais de réponse...
Un destin au tragique à la mesure de la démesure de la personnalité de cette jeune femme.