Barracuda est une immersion dans le monde de la piraterie originale. L’essentiel de sa trame se déroule sur terre. L’intrigue se déroule majoritairement sur l’île de Puerto Blanco. Cette saga est l’œuvre conjointe de Jean Dufaux et Jérémy. Le premier est en charge du scénario et le second s’occupe du travail graphique. J’étais été conquis dès les premières pages par l’univers et l’histoire qui se construit autour d’un trio d’adolescents prénommés Maria, Emilio et Raffy. Le dernier opus en date, sujet de ma critique d’aujourd’hui, s’intitule Cannibales. Sa sortie date du mois de juin dernier. La couverture utilise nous présente un Black Dog qui semble complètement possédé. Alors que son devenir était dans l’ombre depuis plusieurs épisodes, il semblait refaire surface pour notre plus grand plaisir.
Les auteurs nous offrent un résumé du quatrième tome : « L’attaque des deux navires espagnols fut expéditive, tout autant que le furent les manœuvres de Fine Flamme. Prostituée devenue Gouverneure, elle a parfaitement su tirer profit des révélations sur le Faucon Rouge et son ancienne maîtresse, Jean Coupe-Droit. Le pouvoir a changé de mains, mais la cupidité demeure, surtout lorsque le diamant du Kashar est en jeu : Dona Maria torturée par Frère Esteban, Raffy emprisonné. Grâce à Emilio, Jean Coupe-Droit, Goudron et Dona Maria parviennent à prendre le large tandis que Raffy est blessé d’une balle dans le dos par Fine Flamme, dévorée de rancœur, et reste aux mains des Espagnols. La frêle embarcation rejoint l’île des Ranelagh qui abrite… le Barracuda ! »
L’opus précédent était marqué par la grande révolution qu’avait subi Puerto Blanco. Les équilibres avaient été largement chamboulés et les rapports de force n’étaient plus du tout les mêmes. Une partie de Cannibales s’attelle donc à voir s’installer ce « nouveau départ ». Je trouve cet aspect intéressant et captivant. En effet, l’honnêteté n’étant pas la valeur première de tout ce petit monde, il est curieux de voir les alliances se faire et se défaire. La question est toujours de savoir qui a un coup d’avance. La construction scénaristique de Dufaux est sur cet aspect très réussi. De plus, le fait que les différents protagonistes nous soient maintenant tous familiers intensifie l’attrait pour leurs destins.
Cannibales est le premier tome à s’éloigner aussi longtemps de Puerto Blanco. Les fuyards se trouvent sur l’île des Ranelagh. Ils vont y marcher sur les pas de Blackdog. L’angoisse abrite les lieux et les découvertes qui vont y être faites vont confirmer ce sentiment. Je trouve cette partie de l’intrigue très prenante. La rencontre des autochtones ne pourra laisser personne indifférent. De plus, le diamant du Kashar ne laisse personne indemne ! J’ai une affection particulière pour cette tranche de la trame car elle met en scène les personnages auxquels je suis le plus attaché.
Vous l’aurez compris, le travail de Jean Dufaux est remarquable. L’histoire est dense. Elle ne souffre d’aucun temps mort et sait doser avec subtilité les rebondissements et les révélations. Parallèlement, la galerie de personnages est impressionnante. Ils possèdent tous une personnalité complexe et unique. Cela donne une épaisseur à la narration et attise la passion de la lecture. Cette histoire est sublimée par les illustrations de Jérémy. Son travail sur les décors est remarquable. L’atmosphère de la forêt hostile qui se trouve à Ranelagh est essentiellement due au trait de Jérémy. De la même manière, sa capacité à rendre oppressante l’avancée sous-terraine des héros est splendide. Mais Jérémy ne se contente pas de mettre en valeur les lieux. Son travail sur les personnages est de grande qualité. Dufaux leur offre une personnalité, le dessinateur leur offre leur identité visuelle. Il est rare de voir un casting aussi important aussi bien traité sur le plan graphique.
Pour conclure, Cannibales est un bel ouvrage. Il confirme la qualité constante de cette saga. De plus, les dernières pages font apparaître un nouveau protagoniste. L’attente sera longue pour faire pleinement sa rencontre lors du prochain opus. Mais cela est une autre histoire…