Captain Britain, c'est le super-héros créé par Chris Claremont à la fin des années 70 pour donner au lectorat britannique un équivalent à Captain America qui faisait, à l'époque, les beaux jours de Marvel.
Cet ouvrage édité par Panini, reprend l'intégralité du run de l'illustre Alan Moore (Watchmen, V for Vendetta... enfin comme si il y avait besoin de le présenter) sur le personnage. C'est le seul travail du génie britannique pour le compte de Marvel. C'est aussi l'une de ses premières productions mainstream : cette série est publié dans diverses revues (Marvel Superheroes, The Daredevils) en 1982, avant même qu'il signe son premier grand classique : Swamp Thing, pour le compte de DC.
Et pourtant, ne croyez pas qu'il s'agisse là d'un récit d'amateur. D'emblée, il était possible de repérer les qualités de cet auteur : imagination foisonnante, écriture profonde et atypique, connaissance parfaite du format pulp. Ces histoires de multivers qui impliquent Captain Britain au sein d'une Angleterre tourmentée, seraient, sous la plume de bien d'autres auteurs, kitsch et très vite oubliables. Mais avec Alan Moore, c'est autre chose, dés le départ il sait où il va, son dessein ne s'arrête pas au divertissement pur le temps d'un numéro (même si de ce point de vue là le contrat est totalement rempli), mais plutôt à une construction à plus grande échelle. Ainsi, il introduit par exemple le thème des super-héros hors la loi et ce 30 ans avant Civil War... de même pour tout ce qui concerne la psychologie des super-héros, la façon dont leur mental est déconstruit pour donner par la suite lieu à une seconde naissance. Le tout à une époque où l'on ne problématise absolument jamais les comics de super-héros.
Du coup, c'est réellement prenant : les personnages sont définis avec précision en quelques lignes, le folklore anglo-saxon est omniprésent, tandis que le Marvel universe est en retrait, ce qui est dû au fait que l'histoire se déroule en Angleterre. Pour cette raison, Alan Moore s'amuse à expérimenter, à introduire tout un tas de nouveaux personnages tandis qu'il utilise les anciens avec pertinence.
Mais pour autant, c'est un récit plutôt accessible au néophyte qu'on a là (même si connaître l'historique d'Excalibur peut être utile). Et c'est sûrement l'un des seuls de valeur sur ce personnage.
Quant à Alan Davis, il fait partie de ces dessinateurs intemporels, un peu comme Neal Adams ou George Perez, son style élégant et sa mise en page dynamique servent totalement bien le récit, tandis que la coloration un peu vintage est plus une qualité qu'un défaut, et fait le charme de cette histoire incontournable pour tous les fans de comics plein d'idées, de science-fiction et d'authenticité. Si ce n'est pas la preuve que tout ce que touche Moore se change en or...
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