Avec Captain Tsubasa (1981), Yôichi Takahashi transforme un sport populaire en une épopée mythologique où chaque match ressemble à un combat de demi-dieux sur gazon. Ce manga est l’incarnation pure de l’exagération, où le réalisme est laissé au vestiaire pour laisser place à des tirs qui déforment l’espace-temps et des matchs qui durent plus longtemps qu’une saison de Game of Thrones.
L’histoire suit Tsubasa Ozora, un gamin passionné de football doté d’une devise aussi simple qu’efficace : "Le ballon, c’est mon meilleur ami !" Ce prodige du ballon rond va gravir les échelons du football japonais, avec des matchs aussi haletants que… longs. Le chemin est pavé de retournés acrobatiques, de tirs surpuissants, et d’une rivalité brûlante avec des adversaires dotés de talents presque surnaturels. Bref, Captain Tsubasa transforme un jeu de 90 minutes en une odyssée infinie.
Tsubasa, malgré son optimisme permanent, manque un peu de nuances. Toujours droit dans ses crampons, il est un héros pur et dur, une sorte de Goku du foot qui n’a jamais entendu parler de fatigue. Heureusement, ses rivaux, comme le génial mais tourmenté Hyuga (et son fameux Tir du Tigre), apportent un peu de relief à l’histoire. Car avouons-le : ce sont les adversaires qui font le sel de la série.
Visuellement, Yôichi Takahashi propose des dessins dynamiques, mais pas toujours très réalistes. Les joueurs prennent des poses dignes de super-héros, avec des jambes interminables et des têtes aussi petites que des ballons de plage. Les terrains de football, quant à eux, semblent s’étendre sur des kilomètres : il faut parfois trois chapitres pour qu’un joueur traverse la moitié du terrain ! Mais c’est précisément cette démesure qui donne à Captain Tsubasa son charme unique.
Le rythme, c’est à la fois le plus grand atout et le plus grand défaut de la série. Chaque match est une montagne russe d’émotions… mais aussi un marathon narratif. Les ralentis dignes d’une production hollywoodienne, les monologues intérieurs de 10 pages en pleine course, et les tirs qui défient les lois de la physique finissent par épuiser même les lecteurs les plus endurants. On adore, on râle, mais on tourne toujours les pages.
Côté émotion, la série s’en tire plutôt bien. La passion pour le football est palpable, les rivalités sont épiques, et les moments de camaraderie rappellent pourquoi le sport est si fédérateur. Par contre, si vous espérez une analyse tactique fine ou des stratégies réalistes, passez votre chemin : ici, on mise tout sur le spectacle.
En résumé, Captain Tsubasa est une série culte, capable de transformer un simple tir au but en moment de pure grandeur dramatique. Yôichi Takahashi signe un manga où le ballon rond tutoie l’infini, pour le meilleur et pour le rire. Certes, le réalisme est aux abonnés absents et les longueurs donnent parfois envie de siffler la fin du match, mais il est impossible de nier la passion et l’énergie qui animent chaque page. Une lecture à mi-chemin entre la légende sportive et la saga fantastique… ballon au pied, évidemment.