Le poids du vent
S’il est un livre qui a attiré l’attention en cette année 2020 au milieu des présentoirs bien garnis en Bandes Dessinées, c’est le "Carbone & Silicium" de Mathieu Bablet, un auteur follement...
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le 18 déc. 2020
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Déçu par Carbone et Silicium, très bel objet que j’étais content d’avoir entre les mains, une problématique toujours intéressante (où termine l’IA, où commence l’humain), sur fond de dégénérescence climato-civilisationnelle, une superbe couverture digne des maîtres du genre… Du coup, autant d’attentes, ça crée de la déception quand le contenu n’est pas à la hauteur. J’ai trouvé la réflexion trop maigre, c’est le principal défaut selon moi. Des super-IA capables d’ingérer tout le savoir humain en une seconde, si on les fait vivre pendant 300 ans, elles devraient être capable d’atteindre un état de super-conscience karmique que à côté l’Incal c’est de la gnognotte. Ou alors d’acquérir un minimum de pouvoir d’action au fil du temps.
Au lieu de ça, nos IA ont des réactions d’adolescent pendant une beaucoup trop grande partie du livre, avec des dialogues navrants… Exemple, page 222, passés les 2 tiers du livre, une fulgurance : « c’est parce que l’humain est incapable d’agir en tant qu’espèce que les écarts de richesse se sont creusés, que personne n’a voulu faire suffisamment d’efforts pour sauver l’environnement et qu’on a laissé la violence du système gagner. Et tu sais quoi, ça va recommencer encore et encore ». Ça fait un peu « j’ai 14 ans et ceci est profond… ». C’est pétri de bons sentiments mais franchement ça manque un peu d’amplitude. « Où ça nous mène, la folie des hommes. On court tout droit à notre perte »
Alors y’a quand même le débat intéressant entre Carbone et Silicium sur le thème : quand le système est éclaté au sol, faut-il s’engager (Carbone) ou vivre en marge (Silicium). Enfin, s’engager… Carbone se teint les cheveux, vit dans un squat et va a des manifs. On a les Che Guevara qu’on mérite.
Et puisqu’il faut bien un antagoniste, l’entreprise Mekatronic se rappelle 156 ans après (sic) que deux de ses prototypes se baladent dans la nature, et qu’il faut envoyer des super-guerriers les éliminer parce que c’est illégal de trafiquer sa date de mise au rebut (de 15 ans initialement). Alors qu’on fait pas plus inoffensif que nos deux Quick et Flupke numériques, et que le monde est en proie à l’effondrement total de l’humanité. C’est tout ? Bah ils sont forcément méchants, c’est une grosse corporation et elle s’appelle Mekatronic. C’est simple quand même.
C’est dommage, parce qu’à part le scénario il y avait de très bonnes choses : les dessins (bien qu’inégaux), l’ambiance de fin du monde, la représentation du réseau, les sauts temporels d’une génération robotique à une autre.
J’attendais de la grosse science-fiction qui scotche à son fauteuil, j’ai passé un moment pas désagréable mais pas follichon non plus. Peut beaucoup mieux faire.
Créée
le 16 déc. 2020
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