Poncifs & Moralium

C'est à ça que ça sert d'embaucher un scénariste...

Quand on sait bien dessiner et qu'on a des choses à raconter, quelques fois ça peut donner des trucs fabuleux, mais ce n'est clairement pas le cas ici. Carbone & Silicium est une déception du début à la fin. D'abord séduit pas le style de dessin qui est incroyablement détaillé, expressif, porté par une perspective maîtrisée et de superbes couleurs (sauf dans l'édition Or Noir, mais on en reparlera plus tard), j'ai ouvert cet album avec un a-priori très positif... Avant de me rendre compte dès les premières pages que, déjà, les dialogues étaient peu naturels, pas du tout subtils, très adolescents, et surtout... Les poncifs. Du vu et revu à chaque page, ça essaie de singer un scénario post-apo, alors qu'on sait très bien où ça va, on sait très bien quelle en est la morale. Et de la morale à deux balles, on en a !

Attention, ce qui suit est purement subjectif.

J'aimerais quand je plonge dans une oeuvre, oublier que je suis le simple lecteur de cette oeuvre, et m'imiscer dans le monde qui est proposé, aussi laid soit-il. J'aimerais ressentir la douleur, les larmes, parce-que l'histoire proposée est profondément tragique - et j'aime le tragique. Cet album nous rappelle constamment qu'on en est le lecteur, je ne suis à aucun moment rentré dans l'histoire parce-qu'il me fait la morale. L'humanité c'est pas beau, l'humanité s'est auto-détruite, la Terre souffre, le monde il est méchant. Rien de nouveau sous le soleil. Je déteste les nihilistes et on en a marre de cette chouinerie. Mathieu, tu as plus de 30 ans, il serait temps de sortir de ton marasme d'adolescent. Ce n'est pas parce-que la BD s'adresse à eux qu'il faut écrire comme eux.

D'ailleurs, en parlant d'adolescent, visiblement il y a toujours des ados gothiques qui n'aiment pas leurs parents relous en 2060.

Concernant l'édition Or Noir : ce n'était vraiment pas indispensable de sortir une version de cette BD en linework - sans couleur donc. Surtout quand certaines vignettes nous présentent un magnifique coucher de soleil, symbole d'optimisme pour les personnages (pour une fois), simplement peint dans la version originale... Et totalement absent dans la version Or Noir. Les paysages sont aussi beaucoup moins lisibles en linework, parce-qu'il y a très peu de variation dans la taille du trait.

En bref, quand la puberté est terminée, c'est compliqué d'être sensible à ce genre de sujet.