Carbone & Silicium
7.7
Carbone & Silicium

BD franco-belge de Mathieu Bablet (2020)

L'intelligence artificielle pleure aussi

Mathieu Bablet nous sort ici une œuvre à mi-chemin entre une odyssée philosophique et un carnet de dépression robotique. Carbone & Silicium, c'est un peu comme si Blade Runner et Black Mirror avaient fusionné après un marathon de documentaires Arte sur la fin du monde. Du lourd, du beau, mais parfois un peu lent.


Le pitch ? Deux intelligences artificielles, Carbone et Silicium, conçues pour assister l'humanité, finissent par observer le chaos humain avec un air de "mais pourquoi on a été programmés pour ça ?" Entre la montée des eaux, les inégalités criantes, et un capitalisme qui tire son dernier souffle en VRP du désastre, nos deux protagonistes passent leur existence à essayer de trouver du sens là où l'humanité en manque cruellement. Spoiler : ça finit pas hyper bien pour les humains.


Côté narration, c'est contemplatif à souhait, parfois trop. Les réflexions existentielles fusent, souvent pertinentes, mais par moments, on aimerait secouer les androïdes pour qu'ils arrêtent de philosopher et se lancent dans un vrai combat de mechas. Mathieu Bablet préfère visiblement les silences pesants et les regards vers l'horizon technologique sombre, et on ne peut pas lui en vouloir, même si ça peut paraître un peu étiré par moments.


Graphiquement, c'est une claque. Le trait de Bablet est détaillé à l'extrême, avec des décors futuristes qui t’attrapent dès la première page. Les planches fourmillent de détails, et chaque case pourrait être encadrée. Mais là encore, le style hyper détaillé peut fatiguer, un peu comme si ton cerveau essayait de traiter une base de données visuelle à chaque page.


Le cœur du récit repose sur la relation entre Carbone et Silicium, à la fois touchante et désabusée. Leur amitié (ou est-ce plus ?) évolue dans un monde qui s’écroule autour d’eux, et Bablet arrive à transmettre une vraie mélancolie, un sentiment d'impuissance face à une humanité qui court droit dans le mur, le pied écrasé sur l’accélérateur.


En résumé, Carbone & Silicium, c'est une méditation visuelle et émotionnelle sur l'avenir de l'humanité, avec un côté un peu trop lent et introspectif pour certains. Mais si tu kiffes les récits qui te font te poser des questions sur ta propre obsolescence programmée, tu seras servi. Une œuvre riche et marquante, à consommer avec un thé chaud et une playlist de musique chill pour accompagner la descente dans le désarroi futuriste.

CinephageAiguise
7

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Créée

le 27 janv. 2025

Critique lue 3 fois

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