Je dois avouer qu'en ouvrant cette BD, je n'avais strictement aucune idée de quoi ça allait parler. Pour ceux qui veulent savoir, il s'agit d'une autobiographie de l'auteur qui s'intéresse en particulier à la relation compliquée et un peu destructrice qu'il a eu avec une femme et avec la ville d'Angoulême.
Si on peut parfois se poser la question du sens à donner aux autobios, qui peuvent apparaître comme des délires égocentriques sans intérêts si ce n'est pour l'auteur, Carnation est au contraire vraiment intéressant parce qu'il plonge vraiment au cœur et au fond de ces personnages. C'est une BD très sombre, torturée et surtout incroyablement viscérale. On sent que Mussat a pris du recul sur cette période de sa vie et a fait un très gros travaille d'auto-analyse pour vraiment décortiquer tous les mécanismes comportementaux qui sont en jeu la relation au centre de l'ouvrage. Les états d'esprits des personnages, et ceux de l'auteur sont vraiment très très biens décrits et ça n'hésite pas à aller frapper là où ça fait mal.
Et je pense que c'est en ça que cette autobio est intéressante. En se basant sur le réel, elle en ressort des comportements, des émotions plus vraies que nature, rarement décrites avec une telle précision, avec un tel impact dans un récit qui a au final la même fonction de catharsis, à mon sens, qu'un drame fictionnel classique.
C'est vraiment très bien fait, la lecture est prenante et on peut facilement se mettre à dévorer ce gros ouvrage, de plus de 200 pages, d'un seul bloc. Très belle réussite au succès critique aisément compréhensible.
Et notons une partie graphique très particulière, qui use de beaucoup de métaphores, d'allégories graphiques pour illustrer les propos de l'auteur, ce qui donne un aspect vraiment singulier à ce Carnation.