Carnation par Julia Couplan
« Les histoires d’amour finissent mal en général » et l’auteur l’a bien compris. A travers Carnation, il nous offre une vision d’un couple brisé, d’un amour impossible.
Tout d’abord parlons de l’ouvrage. Carnation est un projet de longue date publié en 2014 chez Casterman. Sa couverture, sobre, donne envie de plonger son nez dedans. Le contour délicat et dorée de cette jeune fille contraste au bleu nuit. Le contraste sera d’ailleurs fort à propos au sein de la BD. Carnation ça veut dire « teint d’une personne, coloration des chairs ». Le reste de la BD est en noir et blanc. En 256 pages l’auteur nous montre ce qu’est un corps. Plus qu’une autobiographie, c’est clairement une autopsie que Mussat fait sur lui-même. Aujourd’hui professeur, il retourne à l’époque où il vivait à Angoulême et où il travaillait sur Kirikou … Un passé lourd où il a rencontré Sylvia.
Le second thème de cette bande dessinée est la création artistique, le questionnement sur ce que cela implique et sur les ressentis des artistes. Notamment le blues post Kirikou.
Mussat aborde également l’amour sous toutes ses formes dans Carnation. L’amour comme sentiment, l’amour de la chair, la place de l’amitié face à l’amour. L’auteur porte un regard presque une analyse sur ce sentiment. De la naissance de l’amour à la haine, Mussat nous donne à voir la naissance d’un couple, puis un couple qui se déchire. Souvent on se demande comment après être tombé amoureux, on peut en arriver à se séparer. L’auteur a compris et cherche à le dire par cette BD. Ce n’est pas une réponse générale, juste un cas précis, un exemple qui peut finalement nous rappeler nos histoires de vies à nous, à tout à chacun. Est-ce que l’amour est plus fort que la destruction ? Peut-on aimer et détruire l’autre ? Voici ce que Carnation dévoile en partie car comme tout le monde sait en amour rien n’est figé.
Un dessin délicat, parfois morbide, parfois dur et cruel mais toujours en adéquation avec le propos. Un ouvrage magnifique par la forme, original par son traitement du fond. Une autobiographie qui n’est pas égocentrée, un ouvrage qui m’a profondément touché. Un ouvrage qui ne laisse pas de marbre.
Le genre des histoires d’amour est ici revisité sous un jour nouveau. Un questionnement universel qui n’en finira pas de faire couler de l’encre !
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