Carnivora - Druuna, tome 4 par Alligator

4e aventure de Druuna et le trait de Serpieri se fait de plus en plus explicite sur les scènes de sexe. Alors que dans le précédent tome (Creatura), il laissait un peu l’érotisme en retrait par rapport à la trame principale, beaucoup plus complexe, avec Carnivora, Serpieri revient à cette tonalité sadienne de façon sans doute plus tranchée et directe.


Cependant, il n’en délaisse pas pour autant sa marotte métaphysique. La science-fiction lui sert à la fois de prétexte à mettre cette pauvre Druuna dans des situations torrides pas possibles, mais en plus, il prend un réel plaisir à jouer avec son histoire tout aussi tordue de réalités multiples, où les frontières entre le réel et le fantasme (rêve ou cauchemar) sont très difficilement discernables.


Cette fois, l’argument du clonage vient ajouter à la confusion mentale des personnages. Pour le lecteur, c’est également compliqué, mais l’idée générale reste valide. Et l’on peut s’appuyer sur elle pour comprendre les réflexions des héros.


Mais bon sang, quelle dérive tout de même par rapport au tout premier épisode qui apparaît presque simpliste dorénavant dans sa structure même. Si l’érotisme reprend une place de choix, j’ai l’impression que cela se fait plutôt au détriment des décors. Jusqu’à maintenant la thématique de la dégénérescence et celle de la propagation organique du mal avaient donné à l’auteur-dessinateur une super belle matière à son imagination décorative. Les trois premiers épisodes s’en donnaient à cœur joie, et ont formé de fort jolis écrins apocalyptiques aux mésaventures de la superbe Druuna, justifiés par, justement, ce décalage entre la beauté de cette femme et la laideur du monde finissant. Or, j’ai l’impression ici que les décors pour bien faits qu’il sont toujours ne sont pas aussi spectaculaires et brillants qu’auparavant. Le dessinateur ne s’y appesantit pas assez pour qu’à la fin de la lecture certains décors me soient restés en mémoire. C’est bien les transformations monstrueuses des personnages et les perversités que subit Druuna qui marquent les esprits.
Captures

Alligator
7
Écrit par

Créée

le 19 juin 2017

Critique lue 214 fois

1 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 214 fois

1

D'autres avis sur Carnivora - Druuna, tome 4

Carnivora - Druuna, tome 4
Alligator
7

Critique de Carnivora - Druuna, tome 4 par Alligator

4e aventure de Druuna et le trait de Serpieri se fait de plus en plus explicite sur les scènes de sexe. Alors que dans le précédent tome (Creatura), il laissait un peu l’érotisme en retrait par...

le 19 juin 2017

1 j'aime

Carnivora - Druuna, tome 4
MichaelOudin
7

Clones envahissants

Série mythique de bande dessinée des années 90-2000 entièrement imaginée par Paolo Eleuteri Serpieri (9 volumes).Elle mélange science-fiction et érotisme avec la magnifique héroïne dénommée...

le 24 juil. 2022

Carnivora - Druuna, tome 4
Bilow
6

Critique de Carnivora - Druuna, tome 4 par Bilow

Album décevant au regard des précédents. Le scénario s'enfonce gratuitement dans le glauque au détriment de l'aventure. L'histoire traîne en longueur dans un étalement de boucherie devenu inutile...

le 8 juin 2019

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16