4e aventure de Druuna et le trait de Serpieri se fait de plus en plus explicite sur les scènes de sexe. Alors que dans le précédent tome (Creatura), il laissait un peu l’érotisme en retrait par rapport à la trame principale, beaucoup plus complexe, avec Carnivora, Serpieri revient à cette tonalité sadienne de façon sans doute plus tranchée et directe.
Cependant, il n’en délaisse pas pour autant sa marotte métaphysique. La science-fiction lui sert à la fois de prétexte à mettre cette pauvre Druuna dans des situations torrides pas possibles, mais en plus, il prend un réel plaisir à jouer avec son histoire tout aussi tordue de réalités multiples, où les frontières entre le réel et le fantasme (rêve ou cauchemar) sont très difficilement discernables.
Cette fois, l’argument du clonage vient ajouter à la confusion mentale des personnages. Pour le lecteur, c’est également compliqué, mais l’idée générale reste valide. Et l’on peut s’appuyer sur elle pour comprendre les réflexions des héros.
Mais bon sang, quelle dérive tout de même par rapport au tout premier épisode qui apparaît presque simpliste dorénavant dans sa structure même. Si l’érotisme reprend une place de choix, j’ai l’impression que cela se fait plutôt au détriment des décors. Jusqu’à maintenant la thématique de la dégénérescence et celle de la propagation organique du mal avaient donné à l’auteur-dessinateur une super belle matière à son imagination décorative. Les trois premiers épisodes s’en donnaient à cœur joie, et ont formé de fort jolis écrins apocalyptiques aux mésaventures de la superbe Druuna, justifiés par, justement, ce décalage entre la beauté de cette femme et la laideur du monde finissant. Or, j’ai l’impression ici que les décors pour bien faits qu’il sont toujours ne sont pas aussi spectaculaires et brillants qu’auparavant. Le dessinateur ne s’y appesantit pas assez pour qu’à la fin de la lecture certains décors me soient restés en mémoire. C’est bien les transformations monstrueuses des personnages et les perversités que subit Druuna qui marquent les esprits.
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