J'ai pas envie de dire qu'il est temps pour Cauvin de raccrocher parce qu'il est encore capable de faire de bonnes choses après autant d'années de carrière et surtout autant de séries mises en place (et toujours en cours). Mais "Les tuniques bleues" fait clairement partie de ces séries où il semble avoir déjà tout donné. Je sais que Lambil n'a pas envie de raccrocher, c'est sa seule série et il veut continuer, mais à partir du moment où le scénariste ne parvient plus à émerveiller, où il ne prend même plus la peine de creuser ses personnages (il en fait le tour plus d'une fois on va dire), alors ça devient un peu dommage.


Le scénario fait ici fortement penser à un précédent tome où Blutch jouait l'amnésique. C'était déjà l'occasion de faire le point mais aussi de rappeler les bons moments. Sauf que c'était bien amené, la narration était fluide, les conflits réels et les enjeux importants. Ici, on sent vraiment que c'est un prétexte pour faire un album anniversaire en jouant sur la fibre nostalgique des lecteurs les plus fidèles. Et il n'y a rien d'autre à en retenir malheureusement. Les clins d’œil aux anciens albums sont gros, à peine recherchés au niveau de la mise en place. Et puis, le gros problème de Cauvin depuis déjà une bonne dizaine d'albums, c'est qu'il n'arrive pas à trouver un bon rythme de narration. À peu près la moitié du bouquin correspond à quelques heures ! Quand Blutch déclare avoir tout essayé au bout de 20 pages correspondant à même pas une demi-journée, on se dit que ça sent le sapin : tout va trop vite. Et la conséquence, c'est que les enjeux paraissent dérisoires. La deuxième moitié sombre dans le grand n'importe quoi, surtout au moment où Chester revient à lui. Et le plus étrange dans tout ça c'est qu'il n'est pas fait mention de l'album similaire avec Blutch (ou alors j'ai raté ce passage lors d'un bâillement).


Graphiquement, c'est pas top non plus : Lambil ne se débrouille pas trop mal, mais on sent bien qu'il vieillit, que son trait n'est plus aussi précis ; on est dans du 'vite-fait', les textes prennent de plus en plus de place et les dessins de moins en moins, les compositions ne sont pas super intéressantes même s'il reste quelques idées graphiques encore sympathiques. En fait, on dirait quelqu'un qui essaie d'imiter le Lambil des années 90. Et puis, toutes les vignettes donnent une impression de déjà-vu, un peu comme si Lambil n'avait plus qu'à piocher dans ses 59 précédents albums pour trouver la bonne expression, le bon cadrage, le bon décor, un p'tit coup de Xerox, du tipp-ex sur les textes pour pouvoir les réécrire et hop, l'album est terminé. La mise en couleur n'est pas géniale mais fonctionne globalement.


Bref, l'album est franchement dispensable surtout pour son scénario peu creusé.

Fatpooper
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le 26 nov. 2016

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