Cette BD biographique tente de dépeindre Malinalli, appelée également Malintxin ou La Malinche, personnalité controversée de l’Histoire du Mexique. Si l’action nous immerge dans les civilisations amérindiennes d’Amérique centrale (Aztèques, Mayas) et dans les prémices de l’invasion de leur territoire par les Conquistadors, le récit se focalise exclusivement sur le point de vue de cette jeune femme ballottée entre les différents pouvoirs masculins (seigneurs aztèques ou mayas, colons espagnols). Malinalli est abandonnée jeune par son peuple et devient esclave des Mayas avant d’être mise au service des Espagnols. La présentant alors exploitée ou encore violentée, l’autrice développe la personnalité de son héroïne qui se forge peu à peu au fil de la narration, ainsi que la résilience dont elle va faire preuve.
En effet, de témoin passive, la jeune protagoniste va devenir actrice du changement que connaît sa civilisation, surmontant sa condition grâce à un savoir qu’elle possède : la connaissance des langues. Tout au long de son parcours, ce pouvoir, seul héritage laissé par son père, va lui permettre de s’intégrer et de survivre à chacun de ses oppresseurs, changeant de statut pour devenir la traductrice du conquérant espagnol. De plus, la narration et le graphisme présentent habilement la barrière de langue, lors des rencontres entre les différents peuples, tout en dévoilant les étapes de la conquête du Mexique dans des séquences pleines de tension.
Se révélant alors passionnant, ce one-shot dépeint brillamment le portrait imaginé d’une femme forte qui mérite d’être connue.