On m'avait tellement vanté le caractère original et poétique de l'oeuvre. Son côté moderne, populaire et touchant. Alors oui, si la bande dessinée n'est pas désagréable et contient quelques fraîcheurs scénaristiques, je me suis retrouvé, un peu contre mon gré, face à une propagande maladroite de tout ce qui fait vibrer nos chers militants des luttes inter-sectionnelles de la gauche moderne.
J'aime pas les anglicismes mais il va y avoir du spoil.
Résumons...
Le héros, Lubin, est un jeune hippie plutôt beau gosse, élevé par une mère de substitution libertaire (bah ouais les familles monoparentales c'est cool hein) qui est en faite sa tante black (La diversité frère ! La diversité !) et une sœur lesbienne. Une famille classique quoi.
Il a également toute une bande de joyeux drilles avec qui il fait des spectacles d'acrobatie : un meilleur ami aux allures d'hermaphrodite (potentiellement un peu amoureux de lui), une jeune fille forte (halte à la grossophobie) et un jeune homme barbu homosexuel (ou bisexuel, faut arrêter avec les préjugés!) de 2 mètres et très costaud (faut arrêter avec les préjugé on a dit...) qui va finir par se taper son nouvel acrobate d'origine italienne (Son petit casse-croute que je l'appelle). Sa petite amie quant à elle, est une militaire gradée qui porte la culotte et l'entoure de ses bras musclés quand il s'endort contre elle, soumis et rassuré par sa virilité (Le genre est une construction sociale mon pote ! T'as oublié ?). Franchement, il manque juste un migrant ingénieur ou docteur et on avait le jackpot.
Je crois d'ailleurs que quand sa sœur lui a sorti, en toute simplicité, un "je suis en trouple !" j'ai bien failli jeter le bouquin de dépit.
Bref.... Ce gentil progressiste aux cheveux longs va un jour finir par se rendre compte qu'un autre lui même, à la manière de "Your name", se substitue à lui dans son sommeil. Cet alter ego, ce méchant bonhomme qui aime les cheveux courts, le pognon, être organisé et assumer sa vie est clairement l'opposé de notre ami Lubin qui préfère ne pas se laver, vivre de ses spectacles, procrastiner et manger des graines. Le salaud de droite VS l'humaniste paumé de gauche en gros.
Finalement François Fillon va finir par prendre le dessus sur Benoit Hamon qui reviendra de moins en moins souvent dans son corps et finira par
crever dans une réalité virtuelle du futur
.
Voilà pour l'histoire.
Alors maintenant c'est vrai que c'est touchant, il y a des bonnes idées, le dessin - loin d'être représentatif de la couverture - est plutôt propre sans être génial (N'est pas Bastien Vivès qui veut), les quelques références pop qui tournent autour de l'héroic fantasy ne sont pas très utiles mais pas désagréables, le drame est relativement bien maîtrisé et l'histoire est plutôt captivante dans l'ensemble.
On passe finalement un moment plutôt agréable mais je constate, de plus en plus et avec regret, dans les festivals et dans les œuvres, que l'univers de la bande dessinée devient de plus en plus une tribune pour SJW mal dans leur peau (je sais, j'ai écrit que je n'aimais pas les anglicismes) et ça me gonfle...
Les gars et votre soft power là, vous avez déjà Netflix, Hollywood, le Canada et le Huffington post. Vous pouvez au moins nous laisser la BD quand même. Bande de vilains.